L'enseignement de tamazight dans la wilaya de Bouira régresse. La demande s'accroît, la ressource humaine aussi, mais le recrutement se fait de plus en plus rare, voire inexistant, ces dernières années. En effet, contrairement aux autres matières pour lesquelles la direction de l'éducation de Bouira a ouvert plusieurs dizaines de postes (le concours a eu lieu le 12 août), le tamazight n'en a pas bénéficié. Pourtant, des établissements scolaires (primaires, CEM et lycées) à travers plusieurs communes n'ont pas encore d'enseignant de langue amazighe. Or, dans les deux wilayas limitrophes, Tizi Ouzou et Béjaïa, plus d'une centaine de postes ont été ouverts pour cette rentrée scolaire. Plusieurs questions se posent. Y a-t-il une volonté délibérée de freiner l'avancement de l'enseignement de tamazight à Bouira ? Les militants du mouvement citoyen et de la cause berbère, les enseignants et les parents d'élèves pensent que les responsables du secteur de l'éducation de la wilaya ont tout fait pour qu'il n'y ait pas de poste budgétaire. «Il y a une volonté délibérée de freiner l'enseignement de tamazight à Bouira. Aujourd'hui, nous tenons à dénoncer les pratiques malsaines de la direction de l'éducation de Bouira. Ils n'ont pas le droit de bloquer l'enseignement de tamazight», a déclaré Djaffar Abdeddou, animateur du mouvement citoyen. Un enseignant de langue amazighe affirme que c'est la direction de l'éducation qui est derrière ce blocage. Ce dernier, qui appelle les associations, les universitaires, enseignants et hommes politiques à se mobiliser, a proposé aussi la création d'un collectif de défense de l'enseignement de tamazight à Bouira. «Les responsables de la direction de l'éducation de Bouira doivent rectifier le tir. Ils peuvent organiser un concours et ouvrir de nouveaux postes», note cet enseignant. Le directeur de l'académie de Bouira avait déjà promis l'ouverture de nouveaux postes, selon l'enseignant Hamid Derradj. Il faut noter que cette affaire concerne également les parents d'élèves. «Mon fils veut à tout prix étudier le tamazight. Dans le CEM où il va suivre ses cours, l'enseignement n'est pas dispensé. Ce qui va m'obliger à chercher un autre établissement pour qu'il puisse étudier sa langue maternelle», souligne un parent d'élève. Les défenseurs de tamazight estiment que si le directeur de l'éducation et ceux des établissements ne réagissent pas, c'est qu'il y a réellement une volonté de leur part pour freiner l'enseignement de la deuxième langue nationale. D'aucuns s'interrogent sur l'utilité d'un département de la langue et de la culture amazighes qui a produit déjà deux promotions, si les nouveaux diplômés n'ont pas la chance de passer un concours. Face à cette politique de deux poids, deux mesures, les militants, enseignants et diplômés comptent aller jusqu'au bout de leur revendication. Des sit-in de protestation auront lieu dans les prochains jours devant la direction de l'éducation de Bouira pour réclamer l'ouverture des postes et la généralisation de l'enseignement de tamazight dans toutes les communes de la wilaya.