La visite de la fondation Robert Kennedy constitue une aubaine pour exposer la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés et le vécu quotidien des réfugiés sahraouis à Tindouf. En visite dans les territoires occupés sahraouis depuis vendredi dernier pour une mission d'observation de la situation des droits de l'homme, la délégation de la fondation Robert Kennedy s'est rendue hier à Rabat (Maroc). Conduite par sa présidente, Kerry Kennedy, elle s'est entretenue, dans la matinée, avec le Conseil national des droits de l'homme (CNDH), un organisme officiel marocain. La délégation était attendue dans la même journée à Tindouf, où se trouvent les camps de réfugiés sahraouis, qu'elle doit visiter aujourd'hui. Contacté en la circonstance, le secrétaire général du Collectif sahraoui des défenseurs des droits de l'homme (Codesa), Larbi Messaoud, basé dans les territoires occupés, a qualifié la rencontre de dimanche avec la délégation de la fondation Kennedy de «positive» malgré les entraves de l'administration de l'occupation marocaine et la propagande de sa presse. Les entretiens se sont déroulés au domicile de la présidente du Codesa, Aminatou Haïdar. Car, précise le même responsable, «nous ne disposons pas de siège, l'administration marocaine nous interdit d'organiser ce genre de rencontre dans un espace public. Alors que la presse du royaume indique que c'est Aminatou Haïdar qui veut que cette rencontre soit organisée chez elle, cela lui permet de choisir les éléments qui doivent y prendre part». Constat dramatique Plusieurs questions ont été évoquées à cette occasion. Ainsi, indique le même militant, «nous avons alerté la fondation Kennedy sur la situation catastrophique des droits de l'homme, la spoliation du peuple sahraoui de ses richesses naturelles. Aussi, nous avons demandé l'élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) à la protection des droits de l'homme et l'aspiration du peuple sahraoui à l'autodétermination. Comme nous avons mis en lumière l'échec de la Minurso dans notre pays dans sa mission, qui consiste à organiser le référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui». Dans ce cadre, ajoute-t-il, «nous avons demandé la protection des militants sahraouis des droits de l'homme soumis à la pression des forces d'occupation marocaines. Leurs biens sont sous le couperet de la confiscation. Le droit d'association, de s'exprimer et d'organiser des manifestations pacifiques est bafoué. Nous avons revendiqué en la circonstance la libération des détenus politiques et évoqué les cas des handicapés, de torture, assassinats. Il y a aussi le cas des personnes enlevées et déclarées à ce jour disparues et qui sont au nombre de 526». Et de poursuivre : «Nous espérons que l'ONU publie un rapport sur les violations des droits de l'homme dans les territoires sahraouis par les forces d'occupation marocaines. D'autant que nous avons présenté à la délégation de la fondation Kennedy des victimes des exactions marocaines pour en témoigner afin d'informer et de sensibiliser l'opinion internationale sur nos souffrances.» Contacté à son tour, un des responsables de l'Association des parents des détenus sahraouis, qui active à Tindouf, Omar Abdesselam, fait état de 69 Sahraouis dans les prisons marocaines. «Ils subissent la torture et les humiliations. Ce qui les a poussés à entamer vendredi dernier une grève de la faim. Comme les forces d'occupation marocaines ne nous laissent pas entrer dans les territoires occupés, nous nouons des contacts avec nos militants qui activent en ces lieux. La situation des droits de l'homme est catastrophique. Nous avons aussi enregistré des cas de familles séparées par le mur de la honte construit par le Maroc.» En référence au mur dit de défense construit par le Maroc pour empêcher les combattants sahraouis de progresser vers les grandes villes des territoires occupés. Selon le même interlocuteur, la visite de la fondation Robert Kennedy constitue une aubaine pour exposer la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés et le vécu quotidien des réfugiés sahraouis à Tindouf. Comme, ajoute-t-il, «nous voulons réitérer notre revendication relative à l'élargissement des prérogatives de la Minurso à la protection des droits de l'homme. A cet effet, nous attendons de cette Fondation de sensibiliser, en coordination avec d'autres organisations internationales, l'opinion internationale sur les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés et de convaincre le Conseil de sécurité de l'ONU d'étendre la mission de la Minurso à la protection des population sahraouies des exactions et sévices des forces d'occupation marocaines, en attendant la tenue du référendum sur l'autodétermination». La visite de la fondation Robert Kennedy intervient alors que le Maroc a retiré en mai sa confiance à Christopher Ross, l'envoyé spécial de l'ONU, jugeant ses positions «partiales». La fondation Kennedy a déjà visité la région et élaboré un rapport en la circonstance début 2011, qui a été aussi l'objet de réserves de Rabat sur la question des droits de l'homme dans les territoires occupés.