Les femmes artisanes du village de Selmana, à Tissemsilt, ont un attachement indéfectible à la tapisserie pour perpétuer ce métier original et ancestral. Les femmes de cette zone steppique préservent encore jalousement cette activité artisanale traditionnelle léguée d'une génération à une autre, à travers les siècles. La fabrication du tapis à Selmana est un prolongement de celle pratiquée à Ksar Chellala dans la wilaya voisine de Tiaret, réputée par le tapis «Chellalia». Les tapis de ces deux régions sont très identiques. La présidente de l'association El Farah de textile et de tapisserie de Selmana, Mme Bouameur Barka, a précisé que ce métier artisanal est ancien dans son village, et exercé collectivement. Les femmes se constituent en groupes de cinq à dix, et tissent en chantant des airs du terroir. Le tapis de Selmana se distingue par sa couleur blanche, comme celui de Ksar Chellala connu pour ses motifs particuliers. Il est tissé à la main en utilisant des outils et de broches (kholala, kardach, mensedj et un peigne) et orné de dessins colorés, nécessitant un doigté et une forte concentration. Selon la Chambre de wilaya de l'artisanat et des métiers, Selmana dispose de plusieurs métiers à tisser, notamment ceux encadrés par les associations El Farah, Khansa qui forment environ 60 filles dans le souci de perpétuer cette activité artisanale. Le tapis de Selmana s'est taillé une réputation au niveau national, grâce à la participation de bon nombre d'artisanes aux foires nationales et régionales, selon le président de la Chambre, Ali Bouhamid. Dans le même contexte, la présidente de l'association Khansa, Mme Zekri Bakhta, a souligné que la participation de son association à environ 30 expositions nationales et régionales, ainsi que d'autres manifestations culturelles, a contribué quelque part à la commercialisation de leurs produits, très demandés en hiver notamment. Elle a cependant énuméré un nombre de problèmes rencontrés dans ce métier, en l'occurrence ceux de la commercialisation, de la pénurie de matières premières (laine) et de l'indisponibilité d'outils utilisés dans le tissage comme le kholala. La wilaya de Tissemsilt recense, selon la Chambre de l'artisanat et des métiers, 16 artisans opérant dans la tapisserie et le textile dans les zones de Selmana et les commmunes de Bordj Emir Abdelkader, Lardjem, Tissemsilt, Maâcem et Sidi Slimane.Elle se distingue par le tapis traditionnel «hanbel» similaire à celui de Ksar Chellala qui est connu pour sa légèreté, sa couleur blanche et les formes cubiques de ses motifs. Pour sa part, la direction du tourisme et de l'artisanat œuvre pour développer ce métier, à court et moyen termes, par la réactivation du fonds de soutien à la promotion de l'artisanat qui contribuera de manière significative à encourager de nombreux artisans à développer leurs activités grâce à des mesures incitatives, selon le directeur du secteur. Le secteur a été renforcé récemment par la réception de la première Maison de l'artisanat et des métiers, ce qui contribuera à sa promotion, surtout à la faveur des espaces consacrés à la commercialisation du produit et à la formation. Selon la même source, le secteur de l'artisanat dans la wilaya a bénéficié, au titre du quinquennat en cours, de deux projets de réalisation d'un centre d'artisanat et de l'espace d'exposition et de vente des produits artisanaux, devant garantir l'accompagnement permanent des professionnels. Il s'agit aussi de leur fournir des facilités pour présenter leurs œuvres tout au long de l'année et ainsi de la promotion et le développement du commerce de produits artisanaux dont le tapis.