A la demande de l'Algérie, formulée en 1995 lors de la dixième réunion des parties contractantes de la convention de Barcelone, l'Union européenne vient d'accorder une aide de 34 millions d'euros pour relancer le Plan d'aménagement côtier d'Alger (PACA), lancé en 2001 et en panne comme ceux de Annaba (Pacan) et celui d'Oran (PACO). Le PAC est un instrument d'aménagement du littoral qui vise, selon ses concepteurs, à lutter contre l'urbanisation galopante, la surexploitation des ressources, l'érosion côtière, la dégradation des sites naturels et culturels ainsi que la pollution urbaine, industrielle et agricole. Comme partout tout autour de la Méditerranée et dans le monde, les populations concentrent leurs activités sur les régions littorales et notre pays n'a pas échappé à cette tendance générale. Une tendance qui s'est même accélérée en dépit de textes et de mesures édictés pour l'enrayer ou du moins l'infléchir. Cinq millions d'Algériens vivent aujourd'hui sur la frange littorale qui ne représente que 4% du territoire national. Sur les 1622 km du linéaire côtier, 437, soit 27% sont complètement urbanisés, 51% des industries y sont également implantées dont les plus redoutables pour l'environnement, les industries chimiques et sidérurgiques. L'érosion de côtes est aussi un phénomène qui a pris de l'ampleur. Protéger et valoriser Les apports de sédiments continentaux par les cours d'eau sont quasi nuls avec l'extraction des matériaux des grands ouvrages hydrauliques qui les retiennent. Les cordons dunaires disparaissent sous les constructions «pieds dans l'eau». La côte algérienne est l'une des plus menacées du Bassin méditerranéen, car c'est l'une des plus peuplées avec plus de 100 agglomérations implantées de tailles différentes certes, mais toutes en extension linéaire le long de la côte en dépit de la loi «littoral» qui l'interdit formellement. La frange littorale est également celle qui est la plus équipée, routes, voies ferrées, ports et aéroports sont concentrés sur cette bande qui ne dépasse pas 30 km de large. L'autoroute Est-Ouest, grand projet structurant, réalisé aux limites de cette bande et ultérieurement aux textes, ne résiste pas dans sa partie orientale à revenir vers le littoral avant de pourfendre le Parc national d'El Kala. Cette tendance à la littoralisation a eu des effets considérables sur l'écologie et l'économie. En effet, le foncier agricole a enregistré des pertes dues à l'empiètement. La SAU est passée dans la Mitidja de 0,15 ha/habitant à la fin des années 1960 à 0,007 ha/ habitant à la fin des années 2000, soit 200 fois moins. Enorme ! Afin de protéger et de valoriser durablement cet espace, les pouvoir publics ont toujours fait preuve de la volonté d'entreprendre des actions pour ce faire. Pour le PAC de la zone côtière algéroise, la demande du gouvernement algérien a été présentée en 1995, à l'occasion de la dixième réunion ordinaire des parties contractantes à la convention de Barcelone. Les activités préliminaires à la formulation de ce PAC ont démarré cette même année, avec l'élaboration d'une étude de faisabilité par l'Institut des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral (Ismal). Plusieurs missions ensuite ont permis d'établir un accord entre le gouvernement algérien et le PNUE relatif à ce PAC, qui a été signé à Alger, le 7 octobre 2001. Surveillance Le PAC comprend des plans d'action multisectoriels pour l'urbanisme, la gestion des déchets, la protection du patrimoine naturel et culturel et pour l'eau, nous explique Mme Samira Hamidi, sous-directrice de la préservation du littoral au ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. Un bon nombre de ces programmes ont été achevés dans les délais, c'est-à-dire en 2003-2004. Le PAC est piloté par un comité interministériel qui, régulièrement, fait le point et tire des bilans. Mais quels bilans ? Le PAC s'est donné comme objectif fondamental d'instaurer une coopération entre les différents acteurs d'une ou de plusieurs wilayas pour la réalisation de projet centré sur le développement durable des zones côtières et marines en intégrant les préoccupations d'environnement et de conservation de la nature. Et dans ce but, on a commencé par identifier les problèmes les plus urgents posés par les activités. C'est en gros ce qui a été fait jusqu'à présent. Dans un second temps, le PAC doit proposer une conduite à tenir en aménagement du territoire qui tienne à la fois des besoins de développement et de la «capacité réceptrice» de l'environnement. On a très peu d'informations, côté algérien, des aspects de l'aide financière européenne de 34 millions d'euros annoncée par un communiqué de l'UE, dans lequel on relève que «le programme est consacré à la protection de la côte algéroise des effets de l'urbanisation et des activités économiques, qui est au cœur des politiques de développement du pays». Et d'ajouter : «Ce nouveau programme illustre le ‘‘nouvel élan'' de cette coopération.» Ce soutien consistera, par exemple, à mettre en place un système de surveillance écologique de la côte, des plans de gestion, des aires protégées et des études sur les coûts de l'investissement public. Le secteur privé et la société civile devraient être étroitement associés à la mise en œuvre du programme, note-t-on encore dans le communiqué.