Economie à relancer, front social à calmer, pouvoir d'achat à soutenir, «réformes politiques» à sauver et… d'importants rendez-vous électoraux à assurer. Le nouveau Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et son Exécutif ont du «pain sur la planche». Le successeur d'Ahmed Ouyahia semble être conscient des lourds défis qu'il doit relever pour réussir sa mission en très peu de temps (moins de 20 mois). «Nous avons effectivement du pain sur la planche et notre objectif principal est la poursuite de la mise en œuvre du programme du président de la République sur le terrain», déclare Abdelmalek Sellal en prenant officiellement ses nouvelles fonctions de Premier ministre, au lendemain de sa nomination par le président Bouteflika. Aura-t-il les coudées franches pour prendre les mesures idoines afin de relancer la machine Algérie ? Que contient la feuille de route, dont il a hérité ? Abdelmalek Sellal préfère rester discret pour l'instant. «Le programme du président de la République est le même et nous ambitionnons de poursuivre sa mise en œuvre (…) Il existe une feuille de route de tous les développements que doit connaître l'Algérie, notamment en matière de réformes», explique-t-il. L'ex-ministre des Ressources en eau cite, parmi ses priorités, l'organisation des prochaines élections locales et la préparation de la révision de la Constitution. N'ayant pas d'appartenance politique, Abdelmalek Sellal pourrait être le profil qui fera consensus en prévision des élections locales du 29 novembre prochain. Car nous l'avons constaté à chaque scrutin, des voix s'élèvent pour demander la nomination d'un gouvernement de technocrates pour garantir une certaine neutralité de l'administration lors des joutes électorales. Ainsi donc, le gouvernement de Abdelmalek Sellal assume la lourde mission de redonner confiance en la transparence des opérations électorales, à la fois, aux Algériens et aux responsables des partis politiques. Le rendez-vous du 29 novembre prochain servira, en effet, de sérieux test pour le nouveau gouvernement qui sera, fort probablement, chargé de l'organisation de la présidentielle de 2014. Comment relancer une machine grippée ? C'est ce qui explique notamment la préférence de Abdelmalek Sellal sur Abdelaziz Belkhadem qui pense que le poste qu'occupait, jusque-là, Ahmed Ouyahia lui revient de droit en tant que responsable du parti majoritaire au Parlement, le FLN. Les luttes au sommet du pouvoir entre les protecteurs d'Ahmed Ouyahia et les tuteurs de Abdelaziz Belkhadem ont rendu impossible l'alternance traditionnelle à la chefferie du gouvernement entre le RND et le FLN. La nomination de Abdelmalek Sellal vise notamment à mettre Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, qui sont de sérieux prétendants à la succession à Abdelaziz Bouteflika en 2014, sur un pied d'égalité. L'autre urgence du moment est la relance de la machine économique nationale, à l'arrêt depuis le printemps dernier, voire bien avant. Le désormais Premier ministre souligne en tout cas la nécessité de «donner un souffle nouveau à l'économie nationale». Il met en exergue, dans ce sens, les «importantes potentialités que recèle l'Algérie pour faire face aux défis imposés par les développements économiques internationaux». Abdelmalek Sellal devra également trouver des solutions à même de permettre à l'économie nationale de sortir de sa dépendance chronique des hydrocarbures. Comment ? «Il faut développer nos capacités de production dans tous les domaines économiques et améliorer les services publics et sociaux pour gagner la confiance des citoyens. C'est là l'objectif suprême pour lequel nous travaillerons tous», précise le Premier ministre. Sûr de lui, Abdelmalek Sellal s'engage à tenter de réaliser cet objectif. «Je m'engage devant tous les citoyens, comme je l'ai fait devant le président de la République, à travailler avec honnêteté et dévouement au mieux des intérêts du peuple, car l'Algérie est capable de donner beaucoup plus à ses enfants et c'est la mission dont m'a chargé le président de la République», ajoute-t-il. Mais le discours doit être suivi d'effet. Et ce dernier n'est palpable qu'avec l'amélioration des conditions de vie des Algériens, dont le pouvoir d'achat est en berne et dont les demandes en matière de logement, d'eau, d'électricité… ne cessent d'augmenter. Le Premier ministre, qui a eu à sillonner le pays à plusieurs reprises en tant que ministre des Ressources en eau, connaît la réalité du terrain. Il sera attendu au tournant par «les citoyens qu'il invite aujourd'hui à lui accorder leur confiance et donner l'occasion à son gouvernement de poursuivre le travail». Pour tenir parole, Abdelmalek Sellal et son Exécutif doivent se mettre au travail le plus tôt possible. «Nous allons faire le nécessaire, aujourd'hui ou demain, pour permettre au nouveau gouvernement de commencer son travail, car nous ne disposons plus de suffisamment de temps pour faire face aux problèmes qui se posent», dit-il, en se montrant confiant.