Le verdict de l'affaire Abdelkader Kherba, membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) et du Comité national de défense des droits des chômeurs (CNDDC), accusé d'outrage et agression sur un fonctionnaire de la daïra, sera prononcé le 11 septembre prochain par le tribunal de Ksar El Boukhari. Le procureur de la République a requis une année de prison ferme et une amende de 20 millions de centimes. Une arrestation arbitraire, une détention provisoire en non-conformité avec le code pénal et une affaire montée de toutes pièces. Voilà à quoi a abouti la plaidoirie d'un panel de 14 avocats qui se sont succédé à la barre, hier, entre 9h et 14h30 pour défendre Abdelkader Kherba. Ce dernier est à son quinzième jour de détention provisoire, en sus d'une grève de la faim illimitée. Les 14 avocats, dont 10 sont issus du Réseau national d'avocats pour la défense des droits de l'homme et les autres dépêchés par la LADDH, se sont attelés pour démontrer la violation des droits de l'homme dans le cas de la prétendue affaire de l'arrestation de Kherba, mais aussi la violation des textes du code pénal lui-même. «Ils se sont basés sur l'article 338 du code pénal qui concerne le flagrant délit pour présenter A. Kherba devant le parquet. On est tous à l'étonnement du moment que le prétendu incident a eu lieu le 3 juin, le dépôt de plainte le 5 juin et son arrestation le 21 juin coïncidant avec le mouvement de protestation des habitants de Ksar El Boukhari qui ont souffert durant tout le mois du Ramadhan d'une crise sans précédent de pénurie d'eau !», a lancé, au juge, maître A. Aïssani, avocat à la Cour suprême. Les membres du panel des avocats, à tour de rôle, se sont interrogés sur le pourquoi de l'absence d'un rapport sur le soi-disant incident qui s'est pourtant déroulé, selon les déclarations contradictoires des deux témoins à charge, dans le bureau d'un responsable au siège de la daïra de Ksar El Boukhari. «On n'a même pas un certificat médical pour évaluer le préjudice causé à la victime factice et dans ce cas, la loi interdit la constitution même d'une partie civile», a tonné un avocat. Les incompatibilités sont innombrables dans une affaire qui ne dit pas son nom, si ce n'est, de consensus, que Kherba gêne l'oligarchie locale qui veut maintenir la contestation populaire dans un statu quo. «Dans la république de Ksar El Boukhari, il s'agit d'un exemple de répression qu'on veut passer à travers la personne de Kherba à tous les autres qui veulent se mettre à l'avant-garde de la défense des droits de l'homme et de la dignité citoyenne», dira avec ironie un des défenseurs de Kherba. «L'arrestation de Kherba est une grave erreur judiciaire en non-conformité avec les articles 144 et 148 du code pénal, et de ce fait, les accusations sont sans aucun fondement. La soi-disant victime n'est pas un employé relevant de la Fonction publique, donc même si cet incident y est, il n'y a pas eu outrage sur fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions alors que l'absence d'un certificat médical annule le chef d'inculpation : outrage et agression sur un fonctionnaire de la daïra», argue maître Sidhoum, président du Réseau national des avocats pour la défense des droits de l'homme. Les incohérences des témoins à charge et la contradiction entre les déclarations des témoins et la victime même qui affirme que le deuxième témoin n'a assisté que partiellement au prétendu incident semblent jouer pour l'instant à la faveur de A. Kherba qui espère être innocenté mardi prochain si ce n'est de bénéficier d'un non-lieu du moment que les témoins à décharge ont tous affirmé, documents à l'appui, que le mis en cause était à Alger de 9h à 16h à la date du 3 juin.