La prise en charge des femmes en péri-ménopause, ménopause et post-ménopause ainsi que l'une de ses complications reste encore insuffisante en Algérie. C'est ce qu'ont déclaré des spécialistes hier, lors d'une d'étude sur « L'ostéoporose/ménopause, quelle prise en charge ? », organisée par le service santé femmes de l'INSP, service de rhumatologie EHS Douéra et le service Planning familial CHU Mustapha. A l'ouverture des travaux, Faïqua Medjahed, du service santé des femmes de l'INSP, a donné un aperçu sur la prise en charge de cette maladie et le travail effectué par le groupe de travail créé au niveau de l'institution (INSP). La journée d'étude organisée hier s'inscrit justement dans le cadre des objectifs de ce groupe de travail. Comme il est question, a-t-elle souligné, de former des prestataires pour la prise en charge des femmes en péri-ménopause, ménopause et post-ménopause et qui ont besoin d'être informées en permanence et créer un climat favorable pour une meilleure prise appréhension de cette étape de la vie des femmes. Pour Faïqua Medjahed, la recherche sur cette maladie fait réellement défaut en Algérie. « Il est important d'impulser les travaux et les recherches sur cette question », a-t-elle recommandé, avant de préciser que « la ménopause est une période comme une autre de la vie des femmes, de ce fait elle ne peut être considérée comme une maladie carentielle et encore moins comme la fin de la féminité ». L'oratrice a aussi souligné la nécessité d'inscrire la prévention des pathologies liées à cette étape de la vie des femmes. Les différents intervenants ont mis, par ailleurs, l'accent sur les risques encourus par les femmes ménopausées de développer l'ostéoporose. Elles sont, selon les spécialistes, près de 40% qui présentent une ostéoporose (diminution de la résistance des os). Un tiers d'entre elles subissent une fracture à 50 ans et plus d'une fracture à 80 ans, selon les résultats d'une étude réalisée en juin 2005 par une équipe médicale de l'hôpital de Douéra, en collaboration avec l'Office national des statistiques (ONS) sur la population de Douéra et les localités avoisinantes. Selon toujours les mêmes résultats, 30% des femmes présentent des handicaps moteurs et 50% perdent leur autonomie, ajoute l'étude. La fracture de la hanche, très fréquente chez ces sujets, est la deuxième cause de mortalité chez la femme après le cancer du sein, indiquent-ils. Selon les données avancées par l'équipe médicale, 600 fractures, sur les 25 000 enregistrées au niveau national, sont recensées annuellement à l'hôpital de Douéra. Les facteurs à risque sont, selon les cliniciens, la ménopause, l'utilisation de certains médicaments (corticoïdes), le manque d'activité physique, une alimentation pauvre en calcium, la surconsommation de sel et de viandes. Afin de réduire la prévalence de l'ostéoporose chez la population féminine, les cliniciens recommandent une prise en charge précoce et adaptée de la ménopause, soulignant que l'OMS qualifie le syndrome climatère, troubles de la ménopause (bouffées de chaleur, irritabilité, insomnie), de « véritable problème de santé publique ». « On peut vieillir en bonne santé et en toute quiétude », estiment les spécialistes, qui précisent que seule une Algérienne sur cinq présente le syndrome climatère. Allant dans le même sens, le représentant du ministère de la Santé, M. Amokrane, a mis en exergue les perspectives de transition démographique en Algérie, précisant que le processus de vieillissement est déjà enclenché en Algérie et la courbe des âges va s'inverser vers 2040 où les plus de 60 ans dépasseront les moins de 15 ans.