Russes et Américains ont étalé de nouveau au grand jour hier leurs divergences sur la guerre en Syrie, le jour même où le médiateur international, Lakhdar Brahimi, est attendu au Caire pour sa première mission depuis son entrée en fonction. Sur le terrain, les forces du régime de Bachar Al Assad, appuyées par des chars, bombardaient sur plusieurs fronts les localités où sont retranchés les rebelles qui continuent d'opposer une forte résistance malgré des revers, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). La dispute entre la Russie, allié de poids de Damas, et les Etats-Unis qui réclament son départ, survient alors que M. Brahimi a jugé «indispensable» le soutien de la communauté internationale pour trouver une solution à la crise qui entre le 15 septembre dans son 19e mois. Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, qui a pris officiellement ses fonctions le 1er septembre, est arrivé hier au Caire, mais n'entamera ses entretiens que ce matin avec le chef de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, selon une source de l'organisation. Il prévoit de se rendre aussi à Damas après que «les derniers détails de cette visite auront été finalisés», selon son porte-parole. Les divergences russo-américaines bloquent les efforts internationaux pour un règlement du conflit déclenché, en mars 2011, par un mouvement de contestation pacifique qui s'est militarisé face à la répression menée par le régime décidé à en finir avec une rébellion qu'il assimile à du «terrorisme». Les réserves de Clinton La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a jugé insuffisante une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU, préconisée par Moscou qui veut pousser cette instance à adopter un accord conclu en juin à Genève sur une transition politique en Syrie, mais qui n'appelle pas au départ de M. Al Assad. «Cela n'a pas de sens de passer une résolution sans conséquence parce que nous avons déjà vu plusieurs fois qu'Al Assad passait outre et continuait d'attaquer son propre peuple», a-t-elle affirmé au dernier jour du sommet annuel du Forum de coopération économique Asie-Pacifique à Vladivostok dans l'Extrême-Orient russe. Elle a dit vouloir continuer à travailler avec son homologue russe Sergueï Lavrov, qu'elle a vu la veille, sur une résolution liée à l'accord tout en répétant que celle-ci ne «sera efficace que si elle inclut des conséquences en cas de non-respect». Mme Clinton a ajouté que si les différends persistent avec Moscou, les Etats-Unis «œuvreront avec des Etats partageant le même point de vue pour soutenir l'opposition syrienne afin de hâter le jour où Al Assad tombera (...)». Les alliés européens des Etats-Unis ont évoqué samedi de nouvelles sanctions contre Damas, et le ministre belge Didier Reynders a même mentionné un «devoir d'ingérence» si Moscou et Pékin continuaient de bloquer les initiatives internationales en opposant leur veto au Conseil de sécurité. Pendant ce temps, les combats entre soldats et rebelles et les bombardements des troupes faisaient rage à Alep (nord), Deraa (sud), Idleb (nord-ouest), Deir Ezzor (est) et dans la province de Damas, selon des militants. Un attentat à l'explosif contre un bus sur la route Homs-Massyaf (centre) a en outre fait au moins quatre morts, selon la télévision officielle et l'OSDH. Les violences ont fait une trentaine de morts à travers le pays, en majorité des civils, selon un bilan provisoire de l'OSDH.