Lakhdar Brahimi, qui doit entamer, aujourd'hui, ses discussions, au Caire, avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, n'aura pas la partie facile. Le syndrome du plan Annan, souffrant des blocages des grandes puissances, menace la mission onusienne de la dernière chance. De nouveau, les Russes et les Américains ont étalé au grand jour leurs divergences sur l'issue à la « guerre par procuration » en Syrie. Moscou a plaidé la nécessité d'une adoption par le Conseil de sécurité d'une résolution sur l'Accord de Genève garantissant une transition négociée. Mais cette option a été violemment rejetée par Washington qui la juge insuffisante. « Cela n'a pas de sens de passer une résolution sans conséquence parce que nous avons déjà constaté à plusieurs reprises qu'Assad passait outre et continuait d'attaquer son propre peuple », a déclaré la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, au dernier jour du sommet annuel du Forum de coopération économique Asie-Pacifique, à Vladivostok, dans l'Extrême-Orient russe. La nouvelle brouille américano-russe complique davantage la médiation de Brahimi. Même si la secrétaire d'Etat a exprimé sa volonté de continuer à travailler avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, les chances d'un compromis restent minces. Car, outre le départ d'Al Assad, les Etats-unis menacent d'agir « hors du conseil de sécurité », de concert avec leurs alliés, pour soutenir l'opposition et accélérer la chute du régime syrien. Samedi, lors du sommet européen, l'arme de l'ingérence a été évoquée, de même que le renforcement des sanctions a été décidé. Toute possibilité de rapprochement écartée, le bras de fer alimente un pessimisme grandissant. « Nous devons être réalistes. Nous ne voyons pas les choses du même œil sur la Syrie et cela pourrait continuer ainsi », a précisé Hillary Clinton. Dans sa dure mission, le médiateur international n'a donc rien à espérer du « soutien de la communauté internationale ». Dans la région, le « rôle positif » de l'Iran a été relevé par Lakhdar Brahimi qui entend l'associer dans la recherche d'une « solution pacifique, sans intervention étrangère », et réaffirmé lors d'un entretien téléphonique entre le nouvel émissaire international et le chef de la diplomatie, Ali Akbar Salehi. Du Caire à Damas, le périple de Brahimi intègre aussi Téhéran qu'il envisage de visiter « à un moment approprié ».