L'Algérie pourrait bien user de son droit de préemption en cas de vente de la totalité des actions de Nedjma au groupe qatari de télécommunications. Qtel, qui détient déjà 51% de Wataniya Telecom et 80% de Nedjma, a annoncé son intention de s'offrir le reste des actions détenues par le koweïtien Kipco et donc s'approprier Nedjma à 100%. La déclaration, quoique prudente, du ministre des Finances, ouvre la voie à une réédition du scénario Djezzy, mais peut mettre sur le devant de la scène une possible réinstauration du monopole public dans la téléphonie mobile. Le dossier s'annonce délicat pour les autorités algériennes, qui ont attendu plus de 2 mois, depuis l'annonce, à la fin du mois de juin dernier, du rachat des actions de Wataniya Telecom par Qtel, avant de manifester un avis sur la question. Le premier argentier du pays, Karim Djoudi, qui s'exprimait hier en marge de la 7e commission mixte algéro-qatarie, a bien indiqué, concernant cette offre d'achat, que «l'Algérie ferait valoir son droit de préemption sur la filiale algérienne Nedjma du groupe koweïtien Watanyia Télécom si elle vendait la totalité de ses actions à l'opérateur de téléphonie mobile qatari Qtel», selon les propos rapportés par l'APS qui précisent que «si Qtel rachète totalement Wataniya, il y a changement d'actionnariat et s'il y a un changement d'actionnariat, il y a une règle qui s'applique, c'est celle des 51/49% ». Or, le ministre temporise affirmant qu'il est encore trop tôt pour se prononcer sur une telle acquisition. «Attendons de voir déjà quand la demande va se poser. En l'état actuel, je ne suis pas informé de la demande de Qatar Telecom», a-t-il estimé. Le ministre, qui a eu à gérer le dossier de rachat de Djezzy, a aussi renvoyé la balle à ses collègues des départements des télécoms et de l'industrie, indiquant que «cette question ne se pose pas pour mon secteur, il faut voir avec les ministères des Télécommunications et de l'Investissement». Si le respect de l'esprit de la loi préoccupe M. Djoudi, sa prudence peut s'expliquer par divers facteurs, comme la volonté du gouvernement d'aller vers une nouvelle transaction aussi coûteuse et désuète que l'a été le rachat de Djezzy. Il s'agit aussi des implications de la réinstauration d'un monopole public sur les télécommunications qu'il va falloir gérer. Rappelons que la loi 2000-03 du 5 août 2003 a consacré l'ouverture du secteur de la poste et des télécommunications à l'investissement privé. Une ouverture concrétisée dans téléphonie mobile par l'arrivée de nouveaux opérateurs étrangers, soit Orascom Télécom en 2001 et qui a commercialisé sa marque Djezzy en 2002. Wataniya Telecom avait, elle, obtenu une licence GSM en décembre 2003 grâce à une offre de 421 millions de dollars et c'est en août 2004 qu'elle a procédé au lancement commercial de sa marque Nedjma. En mars 2007, la compagnie d'Etat qatarie de télécommunications Qtel rachetait 51% des parts du groupe koweitien National Mobile Telecommunication Company (NMTC), nommé également Wataniya Télécom filiale du groupe Kipco. Transaction autorisée à l'époque par l'Autorité de régulation des postes et des télécommunications (ARPT), le droit de préemption n'existant pas encore et qui permettait à Qtel de prendre 80% des parts de Nedjma. A la fin du mois de janvier, le groupe qatari annonce son intention d'élargir ses activités dans les pays émergents et les marchés à fort potentiel de croissance. C'est dans cette optique qu'il affiche son intention d'acheter 47,5% de Wataniya Telecom avec une estimation des actions proposées à l'achat qui serait de 1,9 milliard de dollars sur la base de la capitalisation de marché de Wataniya, estimée à 3,97 milliards de dollars. Cette offre d'achat vise 23,5% détenus par Koweït Investment Authority et des actions détenues par le public. Pour l'heure, l'entreprise ne souhaite faire aucun commentaire à propos de la dernière sortie du ministre des Finances.