Les raisons de la persistance des poussées inflationnistes au cours des six premiers mois de l'année en cours sont plus à chercher dans la spéculation sur les marchés intérieurs que dans les effets d'inflation importée, a estimé hier le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Laksaci, lors d'une rencontre au siège de cette institution à Alger. Détaillant les principales tendances monétaires et financières du premier semestre de l'année 2012, le gouverneur de la BA a ainsi souligné qu'en moyenne annuelle, le taux d'inflation a enregistré un «rythme haussier» de juillet 2011 à juin dernier, qui «s'est même accéléré» à partir de janvier pour atteindre un niveau record de 7,29% à juin 2012 contre 5,91% au mois de mars. Tout en précisant que l'évaluation de la BA prend comme référence les indices des prix publiés par l'Office national des statistiques (ONS), M. Laksaci a souligné clairement que l'inflation des prix intérieurs des produits alimentaires sur les six premiers de l'année en cours n'est guère imputable au phénomène d'inflation importée dès lors, a-t-il argumenté, que les cours internationaux des produits de base ont été relativement stables durant cette même période. «C'est vrai que l'hiver dernier a été rude, mais cela ne suffit pas à justifier les records d'inflation enregistrés», a commenté le gouverneur de la BA. Aussi, pour la Banque d'Algérie, le phénomène des fortes poussées inflationnistes observées au premier semestre de l'année en cours est «plus de nature endogène» car lié «aux dysfonctionnements persistants des marchés intérieurs», où la formation des prix relève plus de la «position dominante» et de pratiques spéculatives. En clair, les positions de monopole sur le marché intérieur et les défaillances des mécanismes de régulation seraient les principaux vecteurs de l'inflation des prix, selon l'analyse de la BA. En guise de solution, les recommandations de la banque centrale mettent surtout en avant l'urgence et la nécessité d'«une revue approfondie de la formation des prix aux différents stades des transactions commerciales» pour asseoir, conclut la même institution, «des règles transparentes en la matière». En somme, les récentes flambées des prix sur le marché intérieur, notamment des produits agricoles frais, découlent surtout de l'absence de règles commerciales claires et de mécanismes de contrôle efficients. Le constat ainsi mis en avant est d'autant plus justifié que la Banque d'Algérie indique avoir opéré les mesures nécessaires pour atténuer l'inflation monétaire, en agissant notamment pour résorber les excès de liquidités et en continuant à conduire une politique de gestion active du taux de change. La BA, a précisé en ce sens M. Laksaci, a continué à veiller à travers son traditionnel système de flottement dirigé à ce que le taux de change effectif réel demeure toujours stable pour atténuer les effets de l'inflation importée. Durant les six premiers mois de l'année en cours, fait ressortir à ce sujet la note de conjoncture de la Banque d'Algérie, le taux de change moyen semestriel du dinar contre l'euro s'est apprécié de 0,43% en comparaison avec la même période de l'année écoulée. La BA indique en définitive que son intervention sur le marché interbancaire des changes a permis d'atténuer l'impact de la volatilité accrue des cours des principales devises sur l'économie nationale, notamment en atténuant l'effet de l'inflation importée.