Deux ans, c'est le temps minimum nécessaire à F. Hollande pour inverser la courbe du chômage et redonner espoir aux Français. Paris. De notre correspondant
Si la gauche salut un président «mobilisé» et «mobilisateur», la droite estime que le changement n'est finalement plus pour maintenant, mais dans deux ans. Invité dimanche soir sur TF1, François Hollande a promis de redresser la France d'ici deux ans. Le président français, dont la cote de popularité ne cesse de baisser (46% en septembre) depuis son élection en mai dernier, a fixé un agenda de redressement précis : deux ans pour à la fois mettre en place une politique pour l'emploi, pour la compétitivité et le redressement des comptes publics. «Tout sera engagé d'ici la fin de l'année pour que tout soit mis en œuvre en 2013», a expliqué le chef de l'Etat français qui essuie des critiques acerbes de la part de l'opposition, notamment de l'Union pour la majorité populaire (UMP). Concernant le chômage qui touche désormais 3 millions de personnes, M. Hollande a indiqué que le gouvernement va «accélérer» la bataille engagée contre ce fléau, avec notamment la mise en place rapide du projet «des emplois d'avenir» et des «contrats de générations». Il a estimé qu'il ne faudra pas, non plus, se suffire d'emplois aidés par l'Etat, mais de permettre à l'activité économique d'en créer naturellement. M. Hollande a également revu à la baisse le taux de croissance de l'économie française en 2013, de 1,2% à 0,8%. Par ailleurs, pour équilibrer les comptes publics d'ici 2017, le président Français a estimé qu'un effort budgétaire est nécessaire. Celui-ci se décompose en trois axes : 10 milliards d'euros seront collectés via des économies budgétaires (baisse du train de vie de l'Etat, baisse des budgets des ministères et des institutions de l'Etat, pas d'embauche de nouveaux fonctionnaires et gel de leurs salaires…). La seconde tranche de 10 milliards d'euros sera ponctionnée des grandes entreprises qui font d'importants bénéfices. «Un président mobilisé et mobilisateur» Il a dans ce sens promis de raboter les niches fiscales dont bénéficient certaines entreprises. Enfin, les 10 autres milliards restants seront payés par une nouvelle tranche d'imposition de 75%. Celle-ci vise les plus riches, c'est-à-dire ceux qui gagnent plus d'un million d'euros par an, parmi eux certains sportifs et artistes. Cette mesure concernerait entre 200 à 300 personnes en France. Mais ce n'est pas tout, M. Hollande prévoit aussi de créer une autre tranche d'impôts à hauteur de 45% pour les personnes qui gagnent plus que 150 000 euros par an. Or, malgré un discours précis et des mesures claires, la gauche n'a cessé de reprocher à M. Hollande son manque de volonté à taxer davantage le capital et les banques, tandis que la droite raille la tranche d'impôts de 75% qui risque, selon elle, de faire partir hors de France toutes le grandes fortunes hexagonales. Pour François Fillon, candidat à la direction de l'UMP en novembre prochain, le «changement ce n'est plus pour maintenant, mais c'est pour deux ans», estimant par ailleurs que le président était, lors de son intervention télévisée, aux abois pour dissimuler un profond désarroi. «Je le dis, dans deux ans, si la politique conduite est celle annoncée, la France aura du chômage supplémentaire et de la récession», a prédit l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy qui dit attendre depuis le début du quinquennat une décision qui ne soit pas mesure de destruction ou dépense supplémentaire. Au parti socialiste, on se félicite de l'intervention de M. Hollande. Martine Aubry, l'actuelle première secrétaire du PS, a trouvé un président «mobilisé et mobilisateur», jugeant qu'il a tenu un discours de vérité et délivré un message d'espoir. Pour le Front national, M. Hollande a annoncé des «mesurettes ringardes» qui ne serviront à rien.