Malgré le maintien d'une tendance à la hausse de la demande en pétrole jusqu'à la fin de l'année, les prévisions de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour 2013 sont plutôt pessimistes. Le cartel basé à Vienne a indiqué, hier, à l'occasion de la publication de son rapport mensuel que «le contexte économique est flou» et vu les incertitudes qui pèsent actuellement sur l'économie mondiale, un risque existe quant à un ralentissement qui pourrait toucher les pays de la zone OCDE et lequel pourrait se propager aux pays émergents. Une situation qui aura forcément un impact sur la croissance de la demande mondiale de pétrole dans le cas où celle-ci ralentirait. Ainsi, si l'OPEP évalue à 88,74 millions de barils par jour (mbj) la demande de brut pour 2012 contre 88,72 mbj il y a un mois, elle admet que les turbulences économiques n'ont pas affecté la demande qui est restée soutenue par un recours massif aux carburants et au diesel. Le contexte était favorable à une hausse de la demande en raison d'un été caniculaire suscitant une hausse de la consommation en énergie, ainsi que de la fermeture de centrales nucléaires au Japon et d'un black-out en Inde. Le pool pétrolier peut aussi compter sur la demande en provenance des pays émergents qui a fortement augmenté cette année et qui pourrait soutenir le marché en 2013. Ainsi, selon les chiffres de l'OPEP, les pays hors OCDE ont consommé 42,9 mbj de pétrole en juillet, soit une augmentation de 1,0 mbj sur un an. Toutefois, cela pourrait ne pas suffire pour maintenir la croissance de la demande, notamment en cas de propagation de la crise. Ainsi, le rapport de l'OPEP prévoit pour l'année prochaine une croissance de la demande mondiale de pétrole légèrement en retrait. En chiffres, le document en question table sur une demande de 89,55 mbj contre 89,52 mbj le mois précédent, soit une hausse de 0,81 mbj, tandis que la hausse en 2012 a été de 0,85 mbj par rapport à l'année précédente. L'organisation n'exclut pas de revoir ses chiffres à la baisse en 2013. Au-delà d'un ralentissement de l'économie mondiale, les craintes de l'OPEP sont alimentées par la situation des stocks de brut dans les pays industrialisés. Ceux-ci sont, selon le rapport, à des niveaux confortables, notamment aux Etats-Unis et par conséquent, «toute pénurie de produits pourrait être facilement prise en charge par une utilisation accrue de la capacité de raffinage au repos dans un marché abondamment approvisionné en brut». Une affirmation qui vient confirmer les déclarations du ministre saoudien du Pétrole qui avait indiqué, lundi, qu'il y avait assez de brut sur le marché et que les prix du pétrole étaient déconnectés des fondamentaux du marché. Le document de l'OPEP précise ainsi que la production du cartel a augmenté de 254 000 barils par jour en août, malgré le début, le 1er juillet, d'un embargo de l'Union européenne sur les exportations iraniennes de pétrole. Ainsi, la production a atteint 31,41 millions de barils par jour en août contre 31,16 millions le mois précédent, ce qui reste supérieur aux quotas de l'OPEP fixés à 30 millions de barils par jour. Ces annotations de l'Organisation basée à Vienne interviennent dans un contexte où les pays du G7 tentent de faire pression sur le cartel afin d'augmenter sa production, brandissant la menace de recourir aux stocks stratégiques de brut.