Sans doute inspiré par l'épisode des fameuses caricatures danoises, l'objectif de Sam Bacile, un homme d'affaires israélo-américain qui a «conçu» Innocence of muslims et dont le nom serait un pseudo, aidé par de généreux donateurs, était de célébrer les événements du 11 septembre à sa manière : relancer la machine de l'islamophobie et détourner l'attention sur ce qui se passe ailleurs dans le monde. Son but est en grande partie atteint puisque des jeunes musulmans sont passés aux actes de violence poussés par la colère et l'aveuglement. L'assassinat de l'ambassadeur des Etats-Unis, dans des conditions encore peu claires, est le résultat direct de cette manipulation psychologique voulue par ce film. Aujourd'hui, les Coptes d'Egypte sont mis à l'index puisqu'ils sont accusés d'avoir «inspiré» le navet de Sam Bacile. L'Egypte qui tente de réussir une transition démocratique après la fin de la dictature militaire est dans l'œil du cyclone. Il en est de même pour la Libye et la Tunisie, d'autres pays où les révoltes populaires ont mis à terre des régimes de tyrans. Il est clair que la démocratisation du monde arabe n'arrange pas les affaires de plusieurs lobbies à commencer par celui de l'armement. Dans la région, il y a également des pays, entrés dans une longue phase de glaciation, qui refusent de s'adapter au climat de liberté qui souffle sur l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Actionner, y compris de loin, les leviers du «salafisme» tactique et du radicalisme religieux permet de fabriquer «la contre-révolution», justifier l'injustifiable et maintenir le statu quo. Au-delà des enjeux stratégiques, la sagesse et le calme doivent être la meilleure réponse à la provocation de l'imbécillité en images de Innocence of muslims. La violence ne règle aucun problème. Au contraire, elle alimente les nouvelles thèses anti-islam et redonne une seconde vie à la théorie assassine du «choc des civilisations». Les musulmans et les arabes, qui ont aussi des moyens financiers et matériels, doivent produire des films, éditer des livres et lancer des chaînes de télévision pour expliquer la culture de l'islam et éviter de tomber dans le trou noir des architectes du chaos.