Dans une posture que l'on veut solennelle et majestueuse, le monument dédié à l'Emir Abdelkader trône au milieu de la rue Larbi Ben M'hidi. Il fait partie du paysage. C'est un repère désormais célèbre. Aussi, sommes-nous soulagés de le voir subir un toilettage salutaire qui le débarrasse de toutes ses impuretés : poussière envahissante, plaquettes de marbre détériorées, graffitis incongrus qui sonnent comme une souillure. Bref, il y a comme un désir de rabibocher la statue de l'illustre résistant. L'occasion fait le larron et il faut battre le fer tant qu'il est chaud. Forcément, on remet sur le tapis l'état de décrépitude qui affecte les monuments, les stèles, les plaques commémoratives. Il y a comme une négligence que l'on n'hésite plus à qualifier de coupable. Elle trahit une apathie étrange et insupportable. Nous avons déjà évoqué le problème en citant quelques cas de détérioration manifeste. La situation perdure malheureusement. Ces repères, qui sont tombés en désuétude, ont besoin d'être restaurés, entretenus. La tâche n'est pas colossale ou surhumaine. Elle nécessite juste un minimum d'efforts, de contrôle, d'attention. Est-ce au-dessus des forces des pouvoirs publics ? Vont-ils se défoncer la rate pour ce faire ? Rien n'est moins risqué. Toutefois, il reste à espérer que le « sursaut » de la place Emir Abdelkader ne sera pas un feu de paille. Ni un cas isolé. On souhaite même qu'il se propage comme un feu de brousse. Il y a du pain sur la planche. Je ne terminerai pas ce modeste écrit sans resservir, encore une fois, le cas de l'emblème national qui ne jouit pas souvent de toute la sollicitude requise. On continue de le voir flotter laborieusement sur le fronton d'un certain nombre d'édifices publics écrasé par la saleté. On éprouve de la peine et de la déception. Dans un pays où presque tout le monde s'affirme « mortellement » nationaliste surtout devant la caméra, on ne comprend plus. On s'étonne et on déplore sincèrement.