La ville d'Azazga s'est réveillée, hier, sur une nouvelle effroyable : le président de l'Association des commerçants de la daïra a été retrouvé assassiné à l'arme blanche dans le local même de l'association. La victime, Rachid Laskri, 38 ans, père de deux enfants, a été découvert à la première heure de la journée gisant dans une mare de sang. Alertée, la Protection civile a évacué le corps à l'hôpital d'Azazga, où il devait subir une autopsie. Il a été constaté la section de la carotide, ce qui constitue une véritable exécution, ne laissant aucune chance de survie à la victime. Commerçant au niveau du marché couvert de la ville, Rachid Laskri était estimé de ses pairs qui l'ont élu à la présidence de l'Association des commerçants de la daïra d'Azazga (ACADA). Apprécié pour sa conduite, on ne lui connaissait jusqu'ici aucune histoire ni démêlé notoire pouvant expliquer cette liquidation physique en plein centre-ville. Le forfait aurait été perpétré en début de soirée de dimanche, la victime n'étant pas rentrée à son domicile en fin de journée et ayant rejoint le bureau de l'association au retour de la prière d'El Icha. L'organisation des commerçants d'Azazga a multiplié, ces derniers mois, des déclarations dénonçant la prolifération du commerce informel et l'anarchie touchant tous les secteurs d'activité dans la région. L'assassinat de Rachid Laskri a laissé la population locale perplexe et indignée, bien que vivant depuis de nombreuses semaines dans un climat d'insécurité et un certain sentiment d'abandon de la part des services de l'Etat. Un rassemblement s'est spontanément formé dans la matinée d'hier devant le siège de l'ancienne mairie qui abrite de nombreuses organisations, dont l'association des commerçants. Cette dernière a lancé un appel à la grève observée dans l'après-midi d'hier et à une marche pour aujourd'hui devant démarrer du marché de la ville pour se terminer devant le tribunal. L'association appelle à cette manifestation pacifique pour exiger des autorités de faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat et de mettre en œuvre tous les moyens pour appréhender ses auteurs. La sûreté de daïra a entamé ses investigations dès les premières heures de la journée par des enquêtes de proximité afin de reconstituer l'emploi du temps de la victime. L'on a signalé des auditions dans le milieu du marché informel de la devise, mais les services de sécurité ne privilégient pour l'heure aucune piste. La connaissance du terrain et des fiefs de la pègre naissante peut aboutir à l'identification rapide des criminels. Ayant déjà instauré un climat de peur dans la localité, à travers notamment le vol de voitures et les cambriolages, les gangs issus de la délinquance ont franchi un pas dans la dangerosité en assassinant froidement un commerçant au chef-lieu de la daïra. Les groupuscules criminels écumaient jusqu'ici les axes routiers autour de la ville et dressaient des faux barrages à la manière des groupes terroristes, utilisant, selon des témoignages, des armes automatiques. En plus du travail d'investigation et de renseignement attendu des services de sécurité, afin de remonter jusqu'à la base des filières du banditisme, la population espère un vrai déploiement des moyens d'intervention pour prévenir les agressions sur les routes et dans les lieux isolés. Des citoyens déclarent que la situation est aussi grave qu'au temps du terrorisme, demandant l'engagement d'une logistique en proportion. Certains comités de village n'écartent pas le retour aux comités de vigilance, si la détérioration des conditions de sécurité n'est pas jugulée.