Le climat d'insécurité a atteint son pic, il y a une dizaine de jours, avec l'assassinat du président de l'association des commerçants de la daïra de Azazga. La victime, Rachid Laskri, 38 ans et père de deux enfants, avait été découvert dans le bureau de l'association, gisant dans son sang. Il avait été tué à l'arme blanche et tout laissait indiquer que l'auteur du forfait était de l'entourage direct de la victime, puisqu'il n'y avait aucune effraction. Quelques heures après la découverte macabre qui a mis la population en émoi, la police judiciaire a passé à l'interrogatoire les personnes connues dans le marché informel de la devise, une activité fort intense dans la localité. Les informations faisant état d'accointances avec ce milieu qui brasse d'importantes sommes d'argent ont mis les enquêteurs sur la bonne piste. L'auteur du crime a été confondu après l'analyse des appels téléphoniques. Il ignorait que les appels masqués ne le sont pas pour les opérateurs de la téléphonie lorsqu'ils sont saisis par les autorités judiciaires. La gravité de l'acte commis n'a d'égale que l'amateurisme de son auteur. Les prédateurs sont donc capables d'appeler leur victime une demi-heure avant de l'assassiner. Ce sentiment d'impunité, nourrie par la nébuleuse criminelle, a laissé perplexes les citoyens au vu de cette douloureuse affaire. La riposte des services de sécurité a été facilitée du fait que les milieux de la délinquance qui se décomposent en gangs criminels n'ont pas encore atteint une organisation pouvant compliquer leur démantèlement. Ces groupes sont en fait en cours de formation. C'était donc le moment de mener de front des opérations contre une pègre qui pensait pouvoir opérer de nuit et occuper la place publique dans la journée. Les apprentis criminels ne se sentaient guère concernés par la présence policière fort discrète et semblaient ignorer l'existence d'une cour criminelle à Tizi Ouzou, siégeant plusieurs fois par an. Nombreuses arrestations Le coup de filet opéré par la police ces derniers jours et la présentation au parquet d'une quinzaine d'individus rétablissent de façon salutaire une autorité que d'aucuns croyaient perdue. Les patrouilles de police sont entrées en action dans les lieux les plus sensibles, renforçant le dispositif de surveillance et de renseignement. Des signes de dangerosité et de dérives criminelles sont apparus ces derniers mois, faisant régner un climat de peur et de désarroi. Le vol de voitures et les cambriolages se sont multipliés, sans qu'il y ait une riposte énergique et concluante des services de sécurité. Ces derniers, en butte au manque d'effectifs, n'ont pas réussi à remonter les nouvelles filières de la criminalité, dont les relations avec les milieux de l'alcool et de la drogue sont notoires. Ce laxisme a connu, il y a quelques mois, un épisode qui devait mettre en alerte les autorités locales. Des citoyens du quartier Tirsatine avaient saccagé un débit de boissons ayant pris des proportions incontrôlables. Le traumatisme causé par l'assassinat du président de l'association dans le chef-lieu a été le détonateur à un redéploiement des services de sécurité. Après les investigations, plusieurs individus impliqués dans des agressions sur les routes ont été arrêtés. La mise en place d'un barrage mixte (police-ANP) à la sortie de la ville, sur la route menant vers Bouzeguène, a une importance stratégique vu que les auteurs des hold-up, ayant sévi précédemment en ville, prennent toujours cet axe routier pour disparaître dans la nature. Cela a été le cas l'année dernière lors de l'attaque de l'agence BDL où un policier avait été tué par les assaillants lors de leur retraite. Les opérations coup-de-poing opérées, par ailleurs, ces derniers jours à l'ouest du chef-lieu de daïra ont suscité un vrai soulagement au sein de la population. La peur a fini par s'installer dans le camp des criminels.