Le projet d'implantation d'une ferme aquacole sur le site de Tazeboucht, sur la côte ouest de Béjaïa, fait grincer des dents. Le bras de fer engagé entre les riverains de cette bande du littoral, classée zone d'expansion touristique et le pisciculteur est fondé, selon la requête adressée par les contestataires au P/APC de Béjaïa, sur le caractère de cette entreprise et ses impacts sur l'environnement. Dans la lettre, il est reproché à la commune « le défaut d'une enquête de proximité commodo/incommodo ». Plus loin sont explicitées les inquiétudes liées à l'impact sur l'environnement. Ainsi, mentionne-t-on, cette activité serait une « véritable source de pollution de par l'utilisation de produits chimiques d'engrais et d'antibiotiques ». Le texte est appuyé par une étude réalisée pour le compte du programme des Nations unies pour l'environnement, considérant « l'aquaculture comme une source de pollution importante ». Le risque proviendrait du « gaspillage de nourriture non consommée par les poissons », soit 10 à 30 % des produits du métabolisme des poissons et des traitements utilisés pour éviter l'accumulation des produits chimiques. De leur côté, les promoteurs battent en brèche toutes les supputations « alarmistes » de leurs antagonistes. Ils se défendent en exhibant en premier chef l'étude de faisabilité et d'exécution du projet. Les propriétaires de la ferme, dont le taux de réalisation avoisine les 20% présentement, confortent leur position vis-à-vis de la réglementation. Ils détiennent en ce sens une « couverture légale » volumineuse : les avis favorables de la protection civile, de la direction de l'environnement, de l'APC, de la direction de la pêche, de la direction de la santé et de la population, de l'agence nationale du développement du tourisme ... La direction du développement de l'aquaculture, relevant de la direction de la pêche et des ressources halieutiques avait certes émis, en octobre 2005, des réserves concernant l'impact sur l'environnement mais a fini par donner son accord puisque les promoteurs ont procédé à leur levée. L'approbation en fin de parcours par le ministère de la pêche en novembre dernier a donc conduit à la signature de l'arrêté du wali autorisant la construction de l'unité. Techniquement, explique-t-on, l'impact sur l'environnement est réduit à sa plus simple expression. « Des filtres à l'entrée et à la sortie des bassins de décantation permettent la récupération des déchets qui sont desséchés pour être ensuite déposés au niveau de la décharge publique. Des filtres avec stérilisation UV élimineront les bactéries dans les bassins d'alimentation en eau et pour éviter toute contamination fécale par les poissons, l'eau est renouvelée deux fois par semaine... », soutient-on. Au vu des arguments avancés par les uns et les autres, la controverse pourra-t-elle connaître son épilogue avec « l'arbitrage » des autorités concernées ?