Les autorités algériennes procèdent toujours aux investigations afin de déterminer si le vice‐consul, Tahar Touati, a été effectivement exécuté par le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a ainsi affirmé, dans un entretien au quotidien espagnol El Pais, paru vendredi, que les contrôles afin d'établir la véracité de l'exécution du diplomate enlevé en avril dernier à Gao par le Mujao, «groupe à mi-chemin entre le terrorisme et le trafic de drogue», n'étaient pas «simples à effectuer». Dans cette interview, donnée à l'aune de la visite du chef de la diplomatie algérienne à Madrid, ce dernier explique que l'Algérie lutte contre le terrorisme «depuis le premier jour». «Nous sommes en première ligne. Mais nous ne sommes pas seuls. Nous avons demandé à nos partenaires européens et africains un approfondissement de la coopération, et ce, dans trois domaines : l'intelligence, la formation dans la lutte antiterroriste ainsi que la fourniture en équipements spéciaux», énumère le ministre, d'autant plus que l'Algérie est cernée de toutes parts par les conflits et les activités terroristes, notamment à ses frontières avec la Libye et le Mali. «J'ai abordé la question (de la crise au Mali, ndlr) avec mes homologues espagnols. La crise au Mali est double. Il y a, d'une part, le développement et l'intensification des activités et des capacités terroristes suite à la guerre en Libye, qui a engendré la prolifération des armes dans la région, et il y a, d'autre part, l'instabilité du système de gouvernance dans ce pays», où un dialogue devrait être ouvert entre les différentes parties, a estimé M. Medelci. La création d'un «quartier général militaire» dans le Sud algérien, à Tamanrasset, «n'a pas pu arrêter la propagation du terrorisme», relève El Pais. «Il n'a pas pu stopper cette propagation, car nous avons été débordés par la menace terroriste. Nous ne sommes pas responsables de cette erreur d'évaluation. Ce sont les effets secondaires de la crise libyenne», a répondu M. Medelci. Le meurtre de l'ambassadeur américain et de trois autres diplomates à Benghazi ne semble pas surprendre, outre mesure, le ministre. «La Libye est un pays où les armes circulent facilement. (…) Alger a averti, depuis plus d'un an, que la chute de l'ancien régime d'El Gueddafi contribuerait à encourager et à propager le terrorisme. Pourtant, pour les autres pays, la priorité était le départ de ce régime. Ils n'en ont pas suffisamment évalué les répercussions», déplore M. Medelci. Pour ce qui est du film vilipendé par la communauté musulmane et qui a provoqué une vague régionale de violences, le ministre des Affaires étrangères estime que les réactions sont «disproportionnées». «Là, il y a eu plusieurs morts, et à partir du moment où il y a mort d'hommes, c'est disproportionné», déplore-t-il. «J'ai deux choses à dire à ce sujet : le film est inadmissible et porte gravement atteinte à l'islam, mais les attaques de Benghazi sont condamnables», déclare-t-il. «Les instances internationales doivent développer un cadre juridique approprié, afin de mettre fin aux blasphèmes. Il est intolérable qu'au nom de la liberté d'expression, certains puissent porter atteinte aux convictions religieuses d'autres», a conclu M. Medelci.