Pratiquement, aucun trottoir n'est épargné par ce phénomène au point où le centre-ville ressemble à un véritable souk. Finalement, les prédictions d'émeute n'ont pas eu lieu après le démantèlement des marchés informels qui avaient squatté l'espace public ici où là à travers le chef-lieu de wilaya. Pour d'aucuns, plusieurs facteurs y ont aidé. N'étant pas une initiative des autorités locales, et pour avoir été engagée en d'autres wilayas où le commerce informel est autrement plus ancien et plus ancré dans les habitudes, elle a été vécue comme une fatalité. Ensuite, elle a été menée de façon progressive par l'éradication des étals des plus récents marchés, ceux dont les occupants n'ont pas encore constitué une communauté solidaire. Ainsi, le marché qui s'était érigé sur le boulevard menant à la gare, le long du vaste trottoir de plus 4 m de large longeant le jardin public, a été la première cible des forces de l'ordre. Tout s'y vendait. Ce n'est que quelques jours plus tard, après avoir leur avoir laissé digérer l'inéluctabilité du tour de leur implantation sauvage, que la police s'est attaquée au noyau dur du commerce informel. L'affaire a été rondement menée d'autant que les occupants des lieux avaient, sur la durée, plus de trois années, dilapidé la sympathie de la population. D'abord, les prix avaient quelque peu baissé et il y avait plus d'étals, le marché couvert, un seul pour toute la ville, avait été construit à une époque où sa population était à moins du 1/10 de ce qu'elle est aujourd'hui. Mais avec le temps, sur trois années, leurs prix s'étaient alignés sur ceux du marché couvert qui, entre-temps, s'était vidé de ses occupants. Puis, ramadhans successifs obligent, la spéculation à laquelle les squatteurs s'étaient adonnés leur a fait perdre tout soutien. Du coup, la cohue, l'anarchie et la saleté des lieux qui ne dérangeaient jusque-là que les riverains ont fini par devenir insupportables à tous. La rue Emir Abdelkader est aujourd'hui livrée à la circulation. Les élèves de l'école Pasteur peuvent enfin sortir en toute quiétude sur elle. Le supermarché Moumtaz, qui a dû fermer ses portes sur une autre rue moins marchande, va pouvoir regagner ce qu'il a en partie perdu. Le vieux marché de la ville est réoccupé. Mais l'exiguïté des lieux, les horaires d'ouverture font que la clientèle n'aura pas gagné au change. Selon nombre de Témouchentois, les autorités locales ont le devoir plus jamais de multiplier les espaces de ventes d'autant que l'offre et la demande sont déséquilibrées : «Encore, faut-il les ouvrir dans des quartiers et des endroits adéquats. Pas comme on l'a fait jusqu'à aujourd'hui dans des espaces excentrés par rapport à tout et qui sont ouverts mais n'ont jamais attiré personne.» Et, enfin, suggère-t-on à l'autorité en charge de la voie publique : «Puisque la chaussée a été rendue à la circulation, soyez conséquents et faites un effort pour rendre les trottoirs aux piétons.» À Ghazaouet également, une vaste campagne de lutte contre l'occupation illégale de la voie publique par des commerçants, qui considèrent les trottoirs comme étant une rallonge naturelle de leurs échoppes et y déposent leurs marchandises, vient d'être lancée par les services de la Sûreté nationale. Il faut dire qu'une telle opération s'impose car la situation est devenue intolérable pour les piétons. Pratiquement, aucun trottoir n'est épargné par ce phénomène au point où le centre-ville ressemble à un véritable souk hebdomadaire. Toutefois, il semblerait que la volonté des autorités d'éradiquer ce phénomène est telle que tous les commerçants se sont conformés à la loi et ont libéré les trottoirs. Au grand bonheur des citoyens qui n'ont pas manqué d'exprimer leur satisfaction vis-à-vis de cette opération, les trottoirs recouvrent leur vocation initiale. «Désormais, nous pouvons circuler librement sur les trottoirs sans être obligés de slalomer entre les marchandises qui y sont entreposées ou d'emprunter la chaussée au risque d'être renversé par un véhicule», nous confie un citoyen.