Le marché parallèle de devises est boosté par l'achat d'actifs à l'étranger par certains opérateurs économiques. «Pour contourner la réglementation, des opérateurs économiques passent par le marché parallèle, et ce, afin d'acheter des actifs à l'étranger. Cette fuite des capitaux est à l'origine de l'augmentation de l'écart de prix entre marché officiel et marché parallèle», a estimé Djamel Benbelkacem, conseiller à la Banque d'Algérie, intervenant, hier, sur les ondes de la Radio algérienne. Il ne donne toutefois pas d'estimation du volume de ces transferts ou leurs auteurs. «La Banque d'Algérie effectue le contrôle des opérations qui passent par le canal bancaire, mais ce n'est pas son rôle de faire le gendarme. C'est aux autorités publiques d'appliquer précisément la législation pénale concernant la réglementation des changes», a-t-il affirmé. Il semblerait d'ailleurs que les pouvoirs publics soient défaillants, voire absents, en ce qui concerne de nombreux volets du secteur bancaire, économique et financier. Freiner l'emballement de l'inflation, par exemple. «Il y a, depuis janvier, une recrudescence de l'inflation. En juillet, elle est arrivée en moyenne annuelle à plus de 7%, alors qu'en 2011, elle oscillait entre 3,5 et 5%. En 2012, ce sont les produits alimentaires qui ont accéléré cette inflation, tout particulièrement les fruits et légumes, la viande ovine et la pomme de terre», a énuméré M. Benbelkacem. «Cette inflation est endogène, interne à l'Algérie, et provient principalement de dysfonctionnements des marchés», a-t-il insisté. Comment la Banque d'Algérie peut-elle réagir face à cette hausse ? «La régulation des marchés afin de les rendre plus concurrentiels ne relève pas de la Banque d'Algérie. Celle-ci a deux missions principales : la stabilité des prix et la stabilité des systèmes financiers. De même, sur le plan de la réglementation des changes, elle veille à ce que les pratiques bancaires en matière d'exportation et d'importation soient conformes à la réglementation», a rappelé le conseiller à la Banque d'Algérie. Toutefois, l'institution bancaire a pour rôle de suivre de près les indicateurs d'inflation et de comprendre son origine et ses causes. «Les remèdes pour endiguer cette situation sont connus, entre autres l'ouverture de plus de marchés de gros, l'instauration de la facturation et de la publicité des prix et une stricte application des lois», a souligné M. Benbelkacem. De même, la réhabilitation du paiement par chèque, «difficile à mettre en œuvre», devient une nécessité pour une meilleur traçabilité des opérations et transactions. «Dans l'évolution de la structure de la masse monétaire, la part de la monnaie fiduciaire a encore augmenté et continue d'augmenter. Ceci est un signe du développement du marché et des transactions informelles. Et ce marché, sans traçabilité, est un moyen d'évasion fiscale», a déploré l'invité de la Chaîne III.