Selon Djamel Benbelkacem, directeur-conseiller auprès du gouverneur de la Banque d'Algérie, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, au plan macro-économique, la situation de l'économie algérienne est au beau fixe. Il cite les indicateurs macroéconomiques : le compte courant de la balance des paiements qui est excédentaire, les réserves de change à 186 milliards de dollars, un matelas d'épargne publique assez conséquent et l'inflation relativement maîtrisée jusqu'au début de cette année. Sur la base de ces indicateurs, ajoute-t-il, il est vrai que la situation macroéconomique est saine. Le problème explique-t-il, est que toute cette santé de l'économie algérienne repose sur le secteur des hydrocarbures sur les exportations et les prix. Il fait remarquer que durant toute une décennie jusqu'en 2011, la croissance hors hydrocarbures a été appréciable (5 à 6%) mais cette croissance est tirée par le BTP (dépenses publiques d'investissements) et les services marchands (boostés en partie par la croissance des importations) dans la mesure où les activités de commerce et de distribution prédominent dans les services marchands. Cependant, il affirmera que la croissance dans l'industrie est très faible. Pour M. Benbelkacem, depuis une dizaine d'années, il y a une gestion macroéconomique saine qui tient compte de la vulnérabilité de l'économie par rapport aux hydrocarbures. Là également, il cite, à l'appui, l'épargne publique de l'Etat et les réserves de change, cela permet, dit-il, à l'économie algérienne d'amortir toute éventuelle baisse brutale des prix des hydrocarbures et de faire face aux chocs externes. Mais, insiste-t-il, nous devons construire une économie de production, relativement indépendante des hydrocarbures. A propos du déficit de 1 300 milliards de dinars annoncé par le ministère des Finances pour le premier semestre 2012, il explique qu'en termes réels, ce découvert budgétaire est probablement beaucoup moindre, puisqu'il est calculé à partir de recettes établies sur un prix du baril de pétrole à 37 dollars. Or ce prix a été pris en compte durant le premier semestre 2012 en moyenne de 113 dollars (la fiscalité pétrolière représentant 70 %) alors que les dépenses sont basées sur ce qui est décaissé. Concernant l'inflation, M. Benbelkacem rappelle qu'elle a été de 5,7% en 2009, puis est redescendue en 2010 et 2011. En janvier 2012, elle est remontée et se retrouve en juillet 2012 à 7,53%; en 2009, elle oscillait entre 3,5 et 3,9%. Il rappelle que la stabilité des prix est une des missions de la Banque d'Algérie qui a pour objectif de lutter contre l'inflation. Il fait observer que cette inflation est due aux produits alimentaires, particulièrement la viande ovine, les fruits et légumes et la pomme de terre. Il ne s'agit pas, ajoute-t-il, de la masse monétaire qui est en décélération ni de l'impact des prix internationaux. L'inflation, selon lui, est due au disfonctionnement du marché. Sur le marché parallèle de la devise et l'envol de l'euro, il fait remarquer que ce marché est sollicité par certaines personnes qui ont ramassé de fortunes en Algérie. Certains barons cherchent à placer leur argent dans l'achat de l'immobilier ou d'actifs à l'étranger.