Les moyens pour venir à bout des tonnes d'immondices font cruellement défaut. La défaillance dans le ramassage des déchets ménagers dans la ville d'El Milia n'est pas simplement due aux mauvais réflexes et à l'absence de civisme chez le commun des gens. Elle est surtout la conséquence d'un manque criard de moyens matériels. Au parc communal, le constat est d'une extrême désolation. Plusieurs types d'engins, dont des camions, des bennes-tasseuses et des tracteurs, sont à l'arrêt. Certains, chargés de leurs ordures, sont en panne depuis trois mois, nous a-t-on fait savoir. Sur les huit engins servant à cette mission, quatre, soit la moitié, sont en état de défaillance. «On ne peut pas établir un plan de ramassage de la poubelle, tout simplement parce que nous n'avons pas les moyens qu'il faut», soutient-on. Un seul camion est utilisé dans les rotations des trois groupes, ce qui induit une utilisation en presque H24. Pour faire face à la prolifération des zones de dépôt d'ordures dans chaque quartier, un appel est lancé à la direction de l'environnement pour doter cette ville, la plus sale, de l'avis des citoyens et des responsables les plus avertis, de toute la wilaya, de suffisamment d'engins. Les responsables locaux sont également priés de s'impliquer davantage dans cette mission. Les campagnes de volontariat, lancées pour tenter d'effacer les traces de ces immondices, n'ont rien fait pour changer le décor hideux de cette ville, livrée à l'incurie et au manque de volonté pour venir à bout de cette affligeante situation. Pas plus tard qu'hier (ce mercredi), 150 tonnes d'ordures ont été ramassées du seul quartier des 312 Logements dans le cadre de cette campagne. Une opération de chaulage et de nettoyage des zones de dépôts d'ordures a été effectuée, mais est-ce suffisant pour perpétuer cette opération et apprendre les bons réflexes aux citoyens ? Cela dit, à ces défaillances, il convient de noter les affreuses conditions dans lesquelles travaillent les agents de nettoyage. Face à leur misère quotidienne, certains témoignent qu'ils n'ont même pas accès à la douche ou à des tenues de protection. «Un ensemble d'habillement neuf va être livré incessamment aux agents», rectifie, cependant, un responsable du parc. Dans ces conditions, ces agents crient leur peine de ne toucher qu'un misérable salaire. «Que voulez-vous que je fasse avec 9 000 DA pour nourrir une famille de 10 personnes ?» lâche l'un d'eux. «J'ai douze ans de service et je ne fais même pas 20 000 DA», renchérit un autre. Une trentaine d'agents, dont une bonne partie est issue de la catégorie des vacataires affectés à la mission de nettoyage de toute la ville, vivotent dans ces misérables conditions.