Les jeunes vendeurs informels réclament un espace pour exercer légalement leur commerce. Une semaine après l'éradication du marché informel de Ben Omar, de jeunes commerçants illégaux se sont présentés au siège de l'APC pour réclamer un espace afin d'y implanter des étals leur permettant d'exercer leur activité habituelle. Pour rappel, les kiosques de fortune et les chapiteaux dressés par les camelots dans les espaces relevant de la station urbaine «Les néfliers» ont été rasés mardi dernier. Un dispositif composé d'agents de police a été mobilisé à cet effet. Jeudi après-midi, l'espace squatté a été déblayé. Outre les engins de l'APC, des camions relevant de l'entreprise privée EGTPB ont été réquisitionnés pour charger les débris de ferraille et les monticules de détritus. A la suite d'une longue insistance de la part des marchands informels, le président de l'APC, Mokhtar Adjaïlia, a jugé utile de les recevoir. Conviés à prendre place à l'intérieur de la grande salle de conférences, ces jeunes, une trentaine, ont tenu un discours homogène renforcé par des arguments légitimant leur activité bien qu'illicite. «Nous ne sommes pas venus pour exiger un appartement, quoique nous souffrons d'une crise de logement. Moi-même je travaille pour deux familles. Cette activité de commerce informel est mon gagne-pain. Je n'ai pas d'autres ressources. Comment vais-je faire pour nourrir toutes les personnes qui sont à ma charge ?», s'est interrogé un des commerçants délogés du marché implanté au sein de la station urbaine «Les néfliers». Usant d'un ton menaçant, un autre jeune a répliqué : «Nous avons accepté d'évacuer l'espace que nous occupions pour vendre nos marchandises. Nous sommes des fils de bonne famille. Pour preuve, aucun heurt n'a été enregistré pendant l'évacuation. Trouvez-nous une solution en urgence. Nous ne pouvons pas rester inoccupés. Si cela dure, nous allons recourir à des pratiques inadmissibles.» Un troisième intervenant a carrément revendiqué un espace jugé disponible. «Il y a un parking à l'intérieur de la station. Autorisez-nous à l'occuper et à y implanter nos étals. Les habitants de la commune n'ont pas trouvé où s'approvisionner», a-t-il suggéré à haute voix. La proposition a immédiatement suscité l'approbation des solliciteurs. La grande salle s'est noyée dans un brouhaha, au point que les propos sont devenus incompréhensibles. Le président de l'APC a exigé le calme. Comptant sur une longue expérience acquise après avoir occupé la fonction de vice-président chargé des affaires sociales et celle de vice-président chargé des finances, M. Adjaïlia a réussi à imposer l'ordre. Apparemment instruit des différents dossiers, il est allé même jusqu'à interpeller certains jeunes en les appelant par leur propre nom. «Je vous ai écoutés. Laissez-moi vous dire que la réalisation d'un centre commercial est envisagée dans le périmètre de la station urbaine. L'espace est désigné. Je vous assure que ce centre sera réalisé dans les meilleurs délais, car nous avons opté pour une structure en charpente métallique. C'est une solution qui fait gagner du temps et qui vous assure un exercice légal dans le respect total. Sachez encore qu'il n'y aura pas d'autres bénéficiaires autres que vous. Tout à l'heure, il y a quelqu'un parmi vous qui a osé dire que certains dossiers déposés par des demandeurs ont été brûlés. C'est faux ! Les dossiers sont à mon niveau. Les récépissés sont enregistrés. Et si quelqu'un n'a pas déposé son dossier, qu'il le fasse. Je vous demande encore d'élaborer une liste dans laquelle vous inscrirez vos coordonnées», leur a-t-il déclaré. Voulant prouver sa bonne foi, le maire a ordonné aux agents du service technique de déposer une demande auprès du laboratoire CCTP afin de procéder aux études de sol.«Un avis d'appel d'offres relatif à un concours d'idées concernant l'étude et la réalisation d'un marché couvert et d'un centre commercial sera lancé incessamment par voie de presse», a encore précisé l'élu local.