«On veut d'autres infrastructures dans notre localité, comme un lycée, un hôpital et une Maison de jeunes, mais pas une brigade de gendarmerie, parce qu'il y en a plusieurs dans ce versant nord de la wilaya», clament des jeunes rencontrés, le lendemain du saccage de la brigade de la Gendarmerie nationale de la Crête, dans la commune de Mizrana (daïra de Tigzirt) à 30 km au nord de Tizi Ouzou, dont les travaux d'achèvement frôlent les 90% de réalisation. Cette infrastructure a été détruite par des manifestants qui ont utilisé des pioches et des marteaux pour saccager la clôture, et même les murs de cette brigade. A l'intérieur des pièces qui devaient servir de bureaux, les manifestants ont jeté des pneus enflammés. A l'extérieur, la circulation automobile était très difficile en raison des débris qui jonchaient le pavé. «Pour répondre à nos doléances, les responsables font toujours la sourde oreille. Mais pour nous construire une brigade de gendarmerie qui n'a aucune utilité dans cet endroit, ils procèdent de manière rapide. On voit qu'il y a déjà beaucoup de barrages et autres structures des forces de sécurité dans notre région», ajoutent deux jeunes, précisant qu'avant cette manifestation, une pétition avait été déjà signée par des citoyens réclamant la délocalisation de cette structure de gendarmerie. «Avant la construction de cette bâtisse, les villageois avaient déjà demandé son aménagement en une autre structure publique. Pourquoi les responsables n'ont pas répondu à notre demande ? Pis encore, dimanche, une délégation du village Azrou Bouar, qui voulait voir le chef de daïra, pour lui demander de satisfaire des doléances d'ordre social, a buté sur un mépris total de ce responsable, qui n'a même pas daigné la recevoir. Cette attitude a fait déborder un vase déjà plein», fulminent des citoyens des villages limitrophes au lieu d'implantation de la nouvelle brigade de gendarmerie, dont la bâtisse a subi d'énormes dégâts. «Oui, c'est bien de refuser l'implantation d'une brigade de gendarmerie ici, mais je pense qu'il est préférable de s'y opposer sans détruire l'infrastructure, car les locaux peuvent être récupérés pour en faire un autre établissement public», nous dira un sexagénaire. Mardi, la tension était toujours perceptible dans la localité. Tous les commerçants de la crête ont baissé rideau, craignant des débordements et des heurts qui pouvaient se déclencher d'un moment à l'autre. La veille, des affrontements ont eu lieu entre des jeunes et les éléments de la brigade antiémeute venus pour protéger ce qui reste du siège de la nouvelle brigade. Les policiers ont même fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants qui répliquaient par des jets de pierres. On a assisté à des scènes d'émeute qui se sont poursuivies jusque tard dans la nuit. Cinq manifestants ont été interpellés par la police. Ils ont été libérés suite à un grand rassemblement devant le siège de la sûreté de daïra de Makouda. Par ailleurs, notons que le saccage de cette nouvelle brigade, dont l'inauguration est prévue pour le 1er novembre prochain, est intervenu à la veille de l'installation du nouveau chef du groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Tizi Ouzou