Après de longues et infructueuses négociations avec les différents mouvements palestiniens présents dans l'actuel conseil législatif palestinien (CLP, Parlement), dominé par son mouvement, le Hamas, Ismaïl Haniyeh, chargé de former le nouveau gouvernement, a finalement présenté, samedi soir, à Ghaza, la formation de son cabinet au président Abbas. « J'ai rencontré le frère Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et je lui ai remis officiellement la liste du gouvernement » qui compte 14 ministres de Cisjordanie et 10 de la bande de Ghaza, dont une femme et un chrétien », a-t-il affirmé. « Le président va étudier la composition du gouvernement et son programme », a ajouté M. Haniyeh, après son entrevue avec M. Abbas, assurant que la rencontre s'était déroulée dans une ambiance « amicale » et « positive ». Ainsi, le mouvement islamiste, qui a gagné haut la main les élections du 25 janvier, n'a pas réussi à convaincre ses interlocuteurs de la nécessité de se joindre à lui, dans un gouvernement d'union nationale. le front populaire de libération de la Palestine (FPLP), dont le chef Ahmad Saâdat a été enlevé mardi de sa prison, dans la ville palestinienne d'Ariha par l'armée israélienne, a été la dernière formation a avoir rejeté les propositions du Hamas. selon Jamil Majdalawi, l'un des trois députés du FPLP, les négociations ont achoppé sur le refus du Hamas de reconnaître dans son programme la suprématie de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui stipule le principe de deux Etats palestinien et israélien vivant côte à côte. Le Fatah, deuxième force au CLP, avait déjà refusé une telle participation tant les divergences sont grandes entre les programmes politiques des deux plus importants mouvements palestiniens. C'est donc un gouvernement dont les principaux ministères ont été alloués à d'importantes figures du Hamas, dont Mahmoud Zahar, médecin de profession qui a perdu son fils aîné dans une tentative d'assassinat qui le visait le matin du 10 septembre 2003 ayant été attribué au ministère des affaires étrangères. le ministère de l'Intérieur sera occupé par Saïd Siam, un des chefs politiques du Hamas à Ghaza. Omar Abdelrazek, professeur d'économie à Naplouse, sera quant à lui le nouveau ministre des finances. « C'est un cabinet de professionnels, d'experts et de technocrates aux côtés de quelques figures politiques », a souligné M. Haniyeh. le président palestinien a indiqué qu'il convoquerait dans 24 à 48 h le comité exécutif de l'OLP pou lui soumettre ce gouvernement. « Ensuite, les mesures nécessaires seront prises pour le présenter au Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement) afin qu'il obtienne la confiance », a ajouté M. Abbas. le vote de confiance ne sera qu'une formalité, le Hamas disposant de 74 sièges au sein du CLP contre 45 pour le Fatah sur un total de 132 . Un tel gouvernement, non crédible pour les occidentaux, qui n'arrêtent pas d'exiger du Hamas la reconnaissance de l'Etat hébreu et l'arrêt de la lutte armée, risque d'être isolé politiquement et financièrement. La ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, a écarté tout contact avec un cabinet Hamas. « Israël veut la création d'un Etat palestinien, mais n'acceptera pas qu'il s'agisse d'un Etat terroriste le menaçant », a-t-elle affirmé à la radio. Un responsable de la présidence du conseil israélien a confirmé, dimanche soir, que l'Etat hébreu refuserait « le moindre contact avec un gouvernement terroriste du Hamas », ajoutant qu'il « continuerait à geler les transferts de fonds destinés à une Autorité palestinienne contrôlée par le Hamas ». « Nous maintiendrons cette ligne politique tant que le Hamas n'aura pas accepté de renoncer à la violence, de reconnaître Israël, ainsi que les accords conclus dans le passé », a-t-il dit.