Ce développement pourrait être le prélude à une intervention musclée au nord du Mali. Après plusieurs mois de tergiversations, le gouvernement malien a finalement donné, dimanche, son feu vert pour un déploiement des troupes non combattantes de l'organisation ouest-africaine à Bamako, la capitale malienne. Mais la présence des Casques blancs de l'organisation sous-régionale doit se faire dans la discrétion totale afin, dit-on, de ne pas choquer la population qui a du mal à comprendre ce déploiement annoncé de forces africaines au Mali. Les Maliens qui ne sont pas contre l'aide de la Cédéao soutiennent, en effet, que c'est au Nord que les soldats doivent être déployés pour libérer leur septentrion des mains des terroristes et des islamistes armés. Au terme de négociations serrées entre les deux parties in extremis, la Cédéao a effectivement fini par accepter l'exigence des autorités maliennes qui avaient rejeté la présence de troupes combattantes étrangères dans la capitale. En revanche, l'organisation sous-régionale pourra établir un quartier général opérationnel et une base logistique à Bamako avec des forces de police. Si à Bamako de nombreux habitants ne croient plus au dialogue avec les islamistes armés, le Haut-Conseil islamique, la plus importante organisation musulmane du pays dirigée par l'iman Dicko, a tout de même décidé de se rendre cette semaine dans le nord du pays pour tenter de nouer un dialogue avec le Mujao, le MNLA et Ançar Eddine et de discuter avec eux des modalités d'une résolution pacifique du conflit. La démarche s'inscrit en droite ligne de la volonté du président de la transition, Dioncounda Traoré, qui, dans son discours à la nation à l'occasion du 52e anniversaire de l'indépendance du Mali, a invité les groupes armés au dialogue. La proposition avait, rappelle-t-on, été accueillie avec une certaine réserve par les insurgés. La France prépare une intervention au Sahel La décision de Bamako d'autoriser la Cédéao à déployer des troupes sur son sol pourrait bien constituer le premier acte d'une opération militaire beaucoup plus large, soutenue par la France, ayant pour objectif de libérer le nord du Mali. Plusieurs sources d'informations soutiennent à ce propos que la France se prépare à intervenir militairement contre Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) au Sahel.Le principe d'un assaut dans la région pour la libération de ses otages serait même acquis. Selon le journal français Le Figaro, «la France est à l'avant-garde de la future opération, dont l'ossature sera composée des forces de la Cédéao». En tenant compte de son expérience en Afghanistan depuis plus de dix ans, les forces armées françaises ont prévenu leurs alliés que «leur participation aux opérations extérieures se limiterait dorénavant à un cadre multilatéral». «Nous voulons seulement avoir un rôle de facilitateur. Pas question d'envoyer des troupes au sol», explique un diplomate français au quotidien Le Figaro qui révèle qu'une «centaine de membres des forces spéciales françaises ont déjà été déployés dans la région. Ils devraient être prochainement renforcés, notamment par les commandos de la Marine nationale. L'aide française comprend également des avions de patrouille maritimes, qui récoltent du renseignement, et un système de surveillance basé au Niger». A en croire la même source, «les hypothèses envisagées, notamment à Paris, il s'agirait de former une force d'action de quelques centaines d'hommes pour reconquérir le nord du Mali, occupé depuis plusieurs mois par les groupes armés islamistes. Un noyau dur de 40 hommes, un premier cercle de 200 à 400 hommes et une piétaille de 3000 à 4000 hommes forment cette nébuleuse islamiste».