Pourquoi Ahmed Ouyahia ne présente-t-il pas le bilan de son gouvernement ? La question est sur toutes les lèvres des responsables des partis politiques siégeant à l'Assemblée populaire nationale (APN). Venus écouter la présentation du plan d'action de Abdelmalek Sellal, certains responsables politiques n'ont pas oublié son prédécesseur et l'entorse qu'il a faite à la loi en faisant l'impasse sur un périlleux déplacement à l'hémicycle Zighout Youcef pour rendre des comptes avant de passer le témoin. En effet, les chefs des groupes parlementaires du FFS et du PT réclament officiellement le passage d'Ahmed Ouyahia devant l'Assemblée. «Ce n'est pas normal qu'on présente le plan d'action d'un nouveau gouvernement et on fait l'impasse sur le bilan du gouvernement précédent», lance Ramdhane Taâzibt, député du Parti des travailleurs dans une déclaration aux journalistes. «Nous allons insister sur la présentation du bilan d'Ouyahia», explique-t-il. Lui emboîtant le pas, le chef du groupe parlementaire du FFS, Ahmed Bettatache, déplore, lui aussi, l'absence du bilan d'Ahmed Ouyahia. «Il est anormal qu'un Premier ministre soit limogé sans présenter le bilan de son gouvernement», explique-t-il. Les plaintes de ces deux responsables sont justes, même pour les proches de l'ancien Premier ministre. Seddik Chihab, député du RND, admet qu'«il aurait dû y avoir une présentation du bilan du gouvernement précédent». Mais le RND ne le réclamera pas officiellement. D'autant plus, pour Seddik Chihab, le plan d'action de Abdelmalek Sellal «n'est qu'une suite du programme entrepris par Ouyahia». C'est pourquoi d'ailleurs, ajoute-t-il, que les députés du parti approuvent le plan d'action présenté hier à l'APN. Ayant toujours été critique à l'égard du gouvernement, le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune se dit, cette fois-ci, «en phase avec le programme de Sellal». «Nous sommes en phase avec le programme du Premier ministre, d'autant plus qu'il pose la problématique du service public qui sera mise au cœur du développement», estime Ramdhane Taâzibt, en se félicitant de la reconduction de la règle du 49/51 concernant l'investissement étranger en Algérie. Ce n'est pas l'avis du FFS qui qualifie la copie du Premier ministre «de programme électoral qui prépare 2014». «Il n'y a ni chiffres ni échéance pour la réalisation de ce programme», dénonce Ahmed Bettatache. Les députés de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) affirment attendre des réponses claires à leurs interrogations de la part du Premier ministre. «Le problème en Algérie est éminemment politique. La solution devra être politique et consiste d'abord en la révision de la Constitution pour une vraie séparation des pouvoirs. Ce programme contient des zones d'ombre et nous allons interroger le Premier ministre sur ce sujet. Il ne comporte que des généralités», soutient Nouamane Laâouar, chef du groupe parlementaire de l'AAV.