Un mouvement de protestation mené par le collectif des éducatrices des jardins d'enfants, relevant du secteur public, menace la rentrée des classes du préscolaire prévue pour ce lundi. Contestant les conditions de «précarité» dans lesquelles elles travaillent et la «marginalisation», le personnel éducatif des jardins d'enfants exige la revalorisation des salaires et la révision des horaires de travail. «Par le passé, nous travaillions par brigades de demi-journée. Actuellement, la direction de l'Epic gérant les jardins d'enfants nous a imposé des journées de travail de 7h30 à 17h, mais sans aucun changement concernant le salaire. C'est aberrant, c'est injuste», s'écrie une éducatrice travaillant dans un établissement à Bab El Oued. Les représentantes des éducatrices estiment «humiliantes» les conditions d'accueil des enfants. Dans chaque établissement, on peut trouver jusqu'à 110 enfants pris en charge par trois éducatrices seulement, révèlent-elles. «Pensez-vous que ces éducatrices peuvent prendre en charge convenablement ces enfants et veiller sur leur santé, prise de température, de médicaments et répondre à leur changement d'humeur ? Pourquoi n'a-t-on pas procédé à des recrutements», s'interroge une éducatrice. Mais ce sont celles qui prennent en charge le suivi des classes du préscolaire qui semblent plus mécontentes et se disent prêtes «à aller jusqu'au bout pour faire valoir nos revendications». Les protestataires pointent du doigt «plusieurs anomalies». C'est le ministère de l'Education qui suit le programme à inculquer aux élèves du préscolaire. Des séances de contrôle sont également imposées aux éducatrices, tout comme l'avancement dans le programme qui doit répondre aux normes pédagogiques sur le respect auxquelles veille le ministère de l'Education nationale. Le même programme pour le préscolaire est disponible dans les écoles primaires et même les crèches privées qui sont obligées de le suivre. «Nous sommes suivis et contrôlés par le ministère de l'Education nationale, mais nos salaires sont loin d'être ceux versés par ce ministère aux enseignants du préscolaire.» Selon certaines éducatrices, leur salaire de base ne dépasse pas les 16 000 DA. Des éducatrices ont dénoncé également les «représailles» de certains de leurs responsables, qui n'ont pas hésité à renvoyer des employés grévistes qui sont toujours suspendus. Une dizaine de cas ont été recensés au niveau d'Alger, selon le même collectif, qui a décidé de poursuivre sa grève et de lancer un appel aux responsables concernés pour «lever cette injustice». A souligner que la rentrée des classes du préscolaire, que le ministère de l'Education nationale compte rendre obligatoire progressivement, est prévue pour lundi. Les enfants de 5 ans peuvent être inscrits aussi bien dans les écoles primaires que dans les jardins d'enfants du secteur public, selon la disponibilité des places. Les crèches privées offrent, elles aussi, des places pédagogiques selon le programme de la tutelle.