L'article 4 sera abrogé. Le président de l'Assemblée nationale française a publiquement soutenu la démarche du président Chirac. Le Conseil constitutionnel français rendra demain sa réponse à Jacques Chirac au sujet de sa saisine quant au déclassement de l'alinéa 2 de l'article 4 de la loi glorifiant le colonialisme. Très attendue par l'opinion algérienne et française, la décision du Conseil constitutionnel, devrait, affirme-t-on de bonnes sources, aller dans le sens du souhait du président français qui apporte de solides arguments à sa saisine, à savoir qu'un Parlement n'a pas le droit de légiférer sur des sujets touchant à l'histoire. A quelques semaines de la visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, le président Jacques Chirac donne, à travers sa démarche, un signal fort en direction d'Alger. La saisine du Conseil constitutionnel français sur l'article controversé de la loi glorifiant le colonialisme, constitue un acte politique majeur confirmant, de fait, la volonté de l'Hexagone d'aller jusqu'au bout de la logique de refondation des relations de ce pays avec l'Algérie. Souvent évoquée par de nombreux responsables politiques, la détermination de l'Etat français à signer le Traité d'amitié algéro-français, trouve, dans la décision de Jacques Chirac, une réelle chance d'aboutir. En effet, «parasité» par l'entêtement d'une partie de la droite française, l'avènement de ce «traité historique» s'est vu reporté, pour cause de divergences entre les deux pays quant à la définition du rôle de la présence française en Algérie. Il est clair donc que le président Chirac, appuyé par plusieurs personnalités de gauche et de droite, a clos la polémique en donnant raison à son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika. Le chef de l'Etat français n'a donc pas agi en solo. Cela est d'autant vrai que le président de l'Assemblée nationale française, Jean-Louis Debré, a publiquement soutenu la démarche de Chirac en annonçant dans un entretien accordé au quotidien Le Monde: «J´assume, et j´assume seul, la responsabilité de cette suppression». Une prise de position qui dénote une forte détermination de ce responsable de l'UMP à aller à contre-courant du vote de ses collègues de l'Assemblée. «Regardons vers l´avenir. La responsabilité que je prends en demandant la suppression de l´alinéa 2 de l´article 4, la décision du président de la République et du Premier ministre doivent être considérées comme des gestes forts et comme un message politique clair», a soutenu le premier responsable du pouvoir législatif en France. Un message adressé à la classe politique algérienne qui semble l'avoir reçu cinq sur cinq. La volonté affichée par Chirac et Debré constitue donc le retour à une dynamique, interrompue, le temps de la polémique autour de la fameuse loi. La prochaine visite du ministre français des Affaires étrangères va, sans nul doute, donner le coup d'envoi à une «nouvelle phase historique» qui débouchera inéluctablement sur la signature du Traité d'amitié entre les deux pays. Plus qu'un simple document, l'avènement de ce traité sera synonyme d'une ère inédite dans toute la région du bassin méditerranéen. Et pour cause, associant des aspects politiques, économiques et culturels, le Traité d'amitié est destiné à créer dans la région une véritable locomotive censée tirer le Maghreb et le sud de l'Europe ver le haut. Déjà souhaité par les dirigeants français à l'image de celui conclu avec l'Allemagne, le Traité d'amitié algéro-français passe pour être une donne stratégique, non pas seulement pour la France, mais également pour toute la communauté maghrébine et sud-européenne. Il est perçu par l'Elysée comme le meilleur moyen pour Paris de maintenir, à long terme, son influence sur l'Afrique occidentale, laquelle fait l'objet d'un intérêt croissant de la part des Etats-Unis. Aussi, sommes-nous tentés de dire que le gigantisme du projet algéro-français ne peut être stoppé par des nostalgiques de «l'Algérie française» qui jouent sur un registre nettement en deçà des enjeux futurs. La position d'Alger vis-à-vis des cercles colonialistes a payé. La récente décision de Chirac démontre que la France officielle veut en finir coûte que coûte avec la vision passéiste d'un lobby qui veut maintenir ce pays dans un état de guerre permanent avec une autre nation indépendante.