Pour la première fois, depuis l'accession de Mohamed Morsi à la présidence en Egypte, le mouvement Hamas, qui gouverne la bande de Ghaza, a organisé, hier, une manifestation populaire pour dénoncer la destruction par les services sécuritaires égyptiens de dizaines de tunnels de contrebande, creusés sous la frontière avec l'Egypte, afin de briser le blocus imposé par Israël à l'étroite bande côtière. Ghaza (Palestine) De notre correspondant Plusieurs dizaines de sympathisants et de membres influents du Hamas ont participé à la manifestation, qui, selon les organisateurs, n'est que le lancement de différentes activités visant à dénoncer la démarche du gouvernement égyptien. Il faut croire que la colère du Hamas a été accentuée par la position de ce gouvernement envers la proposition de la création d'une zone de libre-échange entre la bandede Ghaza et l'Egypte. Présentée par Ismaïl Haniyeh, lors de sa dernière visite au Caire, la proposition du Hamas, qui renforce la division interpalestinienne, selon les responsables de l'Autorité palestinienne et du mouvement Fatah, n'a jusqu'à maintenant pas eu d'écho favorawble au sein de la direction égyptienne. S'adressant aux nouveaux dirigeants égyptiens, Youssef Farhat, un responsable du Hamas, a déclaré au cours d'une conférence de presse dans la zone frontalière près des tunnels : «Ne nous forcez pas à perdre espoir en la révolution égyptienne et en le nouveau système.» Il a ajouté : «Les habitants de Ghaza sont soumis à de fortes pressions et nous craignons que cela conduise à l'explosion.» Nous sommes donc bien loin de l'atmosphère joyeuse vécue dans la bande de Ghaza, surtout dans les milieux proches du mouvement Hamas, au lendemain de la victoire de Mohamed Morsi, à l'élection présidentielle en Egypte. Le Premier ministre du Hamas en personne est sorti pour manifester son soutien et sa joie lors de l'élection du représentant des Frères musulmans, confrérie à laquelle il appartient lui-même, ainsi que son mouvement qui dirige la bande de Ghaza depuis l'été 2007. Ce jour-là, un jeune Palestinien a été tué et plus de dix-huit autres ont été blessés par des balles perdues tirées en l'air dans différentes contrées de l'enclave palestinienne par des éléments armés du Hamas, en signe de joie en l'élection de celui qu'on prédisait, au sein du mouvement Hamas, comme le futur sauveur de la bande de Ghaza, soumise au blocus israélien depuis l'été 2006, renforcé en 2007 après son contrôle par le mouvement Hamas, suite à un putsch armé sanglant, qui a mis fin à la présence de l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas. Des sympathisants du Hamas commencent même à regretter l'époque de l'ancien président Hosni Moubarak, qui depuis pas très longtemps était désigné comme l'ennemi numéro un de la bande de Ghaza et du Hamas en particulier.