Les relations Hamas-autorités égyptiennes ne cessent de se compliquer, surtout après les événements sanglants de mercredi dernier, lorsqu'une manifestation organisée par le mouvement de Khaled Mechaal, près de la frontière, pour protester contre la construction d'un mur souterrain et l'interdiction à certains véhicules de la caravane Viva Palestina de rentrer à Ghaza via le terminal de Rafah, a dégénéré en affrontements armés. Selon la télévision publique au Caire, un policier égyptien a été tué « après des tirs de Palestiniens armés dans la zone frontalière ». Le jeune policier, âgé de 21 ans, a été atteint par un snipper palestinien alors qu'il se trouvait dans l'une des tours de contrôle plantées du côté égyptien pour surveiller la frontière avec l'enclave palestinienne. Selon des sources égyptiennes, pas moins de 15 autres policiers auraient été blessés soit par balle, soit après des jets de pierres par les jeunes manifestants. Côté palestinien, les tirs égyptiens ont fait 35 blessés, dont 5 gravement atteints. Moushir El Masri, député du Hamas, qui a participé à la manifestation, a vivement critiqué le régime égyptien. « L'agression contre les militants pacifistes étrangers venus en solidarité avec Ghaza représente une agression contre 40 pays », a dit El Masri, avant d'ajouter : « Le temps est venu au régime de se réveiller et de permettre à la caravane d'aide de rentrer, d'ouvrir le terminal et de mettre fin au blocus contre notre peuple dans la bande de Ghaza. » Des heurts entre les membres de la caravane Viva Palestina, et des policiers égyptiens, mardi soir au port d'Al Arich, avaient fait 55 blessés, parmi lesquels plusieurs policiers égyptiens. Les 520 militants pacifistes protestaient contre une décision égyptienne de faire transiter une partie des véhicules par Israël. Ils ont cassé la grille du port et bloqué ses deux portes d'entrée avant l'intervention des forces de sécurité égyptiennes qui ont usé de matraques et de jets de pierres. Finalement, seuls trois véhicules n'ont pas été autorisés à regagner Ghaza via le terminal de Rafah. La totalité de la caravane emmenée par le député britannique George Galloway est rentrée mercredi soir dans l'enclave palestinienne. La relation entre L'Egypte et le Hamas était brouillée depuis le putsch armé de l'été 2007 qui a permis au mouvement islamiste de contrôler la bande de Ghaza. Le refus du Hamas de signer le document égyptien relatif à la réconciliation avait envenimé encore plus leurs relations. L'Egypte a fait porter la responsabilité de l'échec de la réconciliation interpalestinienne et le blocus imposé à la bande de Ghaza au Hamas qui, selon les autorités égyptiennes, œuvre pour le bénéfice de forces régionales, c'est-à-dire l'Iran, son principal fournisseur. Les relations troublées entre le Hamas et les autorités égyptiennes risquent de rendre la vie encore plus dure dans l'enclave palestinienne. Un contrôle par l'Egypte de la contrebande par les tunnels creusés par les Palestiniens pour contourner le blocus israélien, par le biais du mur souterrain qu'édifie le Caire sur le long de sa frontière, étouffera complètement la bande de Ghaza et sa population.