« Jamais l'islam n'a été aussi pluriel, et jamais, premier paradoxe, les Français n'ont eu l'impression d'en savoir autant sur cette religion : ils la réduisent à une caricature médiatique, relève dans L'Express le sociologue des religions, Olivier Bobineau, ancien responsable de la formation «imams» à l'Institut catholique de Paris, et auteur, avec Stéphane Lathion, du livre Les musulmans, une menace pour la République ? Le deuxième paradoxe, c'est que la peur grandit à l'heure où les musulmans se sont intégrés (2% seulement perturbent l'ordre public, d'après le ministère de l'Intérieur), signale Olivier Bobineau. «Le drame de l'islam est que les musulmans sont exclus de la société française, qu'ils ne savent pas s'organiser et que leurs leaders eux-mêmes se désintéressent d'eux. Ils ne peuvent pas s'en sortir ! », ajoute le sociologue. Et de préconiser qu'«il est indispensable de définir, voire de redéfinir le socle des valeurs auquel doivent adhérer les individus pour, dans un deuxième temps, leur permettre de se positionner par rapport à ce socle. Ce qui signifie que l'on doit arrêter de penser que l'imam peut faire de la médiation et être facteur d'intégration, comme le soutenait Nicolas Sarkozy, parce que l'opinion publique française considère que le culte est facteur d'exclusion. Ainsi, il ne faut plus former des imams, mais des médiateurs sociaux et interculturels qui connaissent bien la religion musulmane. Le travail social sera ainsi assumé par des personnes - qui peuvent être des imams - qui auront été formées à la laïcité et qui auront une connaissance de la culture musulmane. Pour faire de la médiation, il faut un peu comprendre l'autre.» En inaugurant, jeudi, la Grande mosquée de Strasbourg le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a salué l'émergence d'un «islam de France» qu'il a invité à mieux se structurer et s'organiser pour «assurer le respect des valeurs de la République». L'islam de France a, selon lui «démontré de la manière la plus équilibrée sa capacité à répondre sereinement à la caricature et aux instrumentalisations de tous bords. Il a affirmé son attachement total aux valeurs de la République». Et de préciser : «Pour être Français, ou pour vivre en France, nul besoin de renoncer à pratiquer sa foi ou de renier ses origines.» Le ministre a toutefois averti que «la République sera intransigeante avec ceux qui entendent la contester et je n'hésiterai pas à faire expulser ceux qui se réclament de l'islam et représentent une menace grave pour l'ordre public et qui, étrangers dans notre pays, ne respectent pas nos lois et nos valeurs», a-t-il affirmé. Ajoutant : «Les prédicateurs de haine, les partisans de l'obscurantisme, les intégristes, ceux qui veulent s'en prendre à nos valeurs et à nos institutions, ceux qui nient les droits des femmes, ceux-là n'ont pas leur place dans la République. Ceux qui sont sur notre territoire pour défier nos lois, pour s'en prendre aux fondements de notre société n'ont pas à y rester.» «Le racisme, le fondamentalisme, ce n'est pas cela l'islam», a insisté Manuel Valls.