C'est une première, l'Institut catholique de Paris accueille des élèves musulmans de l'Institut de formation de la Mosquée de Paris.Ils vont étudier à l'Institut catholique pour devenir Imams. Difficile à croire, mais ce n'est pas une blague ! Depuis une semaine, une vingtaine d'élèves musulmans ont intégré ce nouveau cycle de cours intitulé « religion, laïcité, interculturalité », faisant fi des polémiques qui entourent cette initiative. Après l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, la France est le quatrième pays de l'UE à créer une filière de formation des imams. Cela fait plusieurs années que le ministère de l'Intérieur tente de convaincre, sans succès, une université publique parisienne de créer ce cursus. Au final, c'est la « catho » qui a accepté de relever le défi. Le sociologue des religions, Olivier Bobineau, responsable de la formation, assure qu'il s'agit d'« une intégration républicaine » et que « ce diplôme universitaire est complètement sécularisant ». L'enseignement portera principalement sur les fondements de la société française et comprendra quatre pôles : culture générale, droit, ouverture sur le monde et interculturalité. Le cursus prévoit 400 heures de cours répartis sur six mois. La filière sera en partie financée par des subventions du ministère de l'Immigration, a indiqué le Bureau central des cultes, chaque élève devant s'acquitter de 4167 euros de frais d'inscription. La France et ses 2 200 lieux de culte musulman connaît une véritable pénurie d'imams et c'est en Ile-de-France que la situation est la plus critique : une cinquantaine d'imams sont répertoriés pour 350 salles de prières et mosquées. 80% d'entre eux sont issus de pays étrangers, essentiellement du Maghreb et de Moyen-Orient où ils sont formés. Seule une minorité se dirige vers l'un des trois centres de formation français : l'Institut européen des sciences humaines dans la Nièvre, l'antenne de l'Institut européen à Saint-Denis et la Mosquée de Paris. 20 des 25 élèves étudient parallèlement à la Mosquée de Paris. Parmi eux, 3 femmes d'une trentaine d'années souhaiteraient devenir aumônières. La majorité d'entre eux sont de nationalité française, les autres sont d'origine maghrébine ou africaine. Avec ce partenariat, la grande Mosquée de Paris « entend pouvoir faire bénéficier ses futurs imams et aumôniers d'une formation complémentaire, facultative et ponctuelle, reconnue par l'Education nationale et ouverte sur la société civile, dans le seul but de favoriser leur bonne intégration républicaine », avait déclaré son recteur, Dalil Boubakeur, au moment de l'annonce de ce cycle de cours. De son côté, l'Union des organisations islamiques de France a déjà exprimé son inquiétude à l'idée que ses cadres soient formés dans une institution catholique, réclamant un lieu plus neutre.