Le groupe des télécommunications qatari Qtel a annoncé, hier, avoir porté sa participation à 92,1% des actions détenues par la société nationale de téléphone mobile Wataniya Telecom du Koweït après la clôture de la période publique d'achat. En 2007, en devenant actionnaire majoritaire de Wataniya Telecom avec 52,5%, le groupe Qtel contrôlait déjà Nedjma, la filiale algérienne du groupe koweïtien Wataniya. Dans l'annonce faite hier, Qtel indique qu'il a porté ses parts de 52,5 à 92,1% en rachetant 39,61% des actions émises dans l'offre publique d'achat au taux de 2,6 dinars koweïtiens l'action, soit un coût de 519,1 millions de dinars koweïtiens, équivalant à 1,8 milliard de dollars. Dans le communiqué de Qtel, le PDG du groupe, Sheikh Abdullah Bin Mohammed Bin Saud Al Thanu, s'est félicité du niveau d'acquisition et de la réussite de l'offre faite par son groupe. Dans la déclaration du PDG de Qtel, il est fait mention de consultations avec les autorités algériennes à propos de cette transaction et de leur aimable autorisation. Des autorités à qui le PDG ne manquera pas de se montrer reconnaissant. En effet, dans la même déclaration, le PDG s'est dit «reconnaissant aux autorités algériennes de comprendre notre position et nous donner la permission de procéder à la réalisation de l'opération, ce qui stimulera nos investissements et en particulier sur le marché algérien prometteur et prospère.» Cette annonce signifie-t-elle que les autorités ne vont pas exercer le droit de préemption, même si le ministre des Finances avait fait une déclaration dans ce sens? La transaction de 2007 n'était pas touchée par le principe du droit de préemption introduit dans la loi de finances complémentaire de 2009 dans laquelle il est stipulé que «l'Etat ainsi que les entreprises publiques économiques disposent d'un droit de préemption sur toutes les cessions de participation des actionnaires étrangers ou au profit d'actionnaires étrangers». Le 10 septembre dernier, dans une déclaration à l'agence officielle APS, le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui était interrogé sur l'OPA de Wataniya Telecom qui avait démarré au début du mois de septembre, avait déclaré que «si Qtel rachète totalement Wataniya, donc il y a changement d'actionnariat, et s'il y a un changement d'actionnariat, il y a une règle qui s'applique, c'est 51/49%». Toutefois, le ministre a nuancé ensuite ses propos pour dire qu'«il est encore trop tôt pour se prononcer sur une telle acquisition», ajoutant : «Attendons de voir déjà quand la demande va se poser. En l'état actuel, je ne suis pas informé de la demande de Qatar Telecom.» «Cette question ne se pose pas pour mon secteur, il faut voir avec les ministères des Télécommunications et de l'Investissement», a-t-il encore ajouté.Quelques jours après, le même ministre déclarait qu'il ne faisait que citer la réglementation en vigueur à propos de l'OPA. Même si les experts peuvent noter que la décision de ne pas exercer le droit de préemption pour le cas de Nedjma, alors que les autorités ont annoncé récemment que le rachat de Djezzy était toujours en négociations peut être motivé par le fait que Nedjma ne rapporte pas aussi gros que Djezzy ou que l'exercice du droit de préemption sur le troisième opérateur pourrait être interprété comme une nationalisation du secteur au moment où les autorités essaient de rassurer les investisseurs étrangers dans la mesure où l'Etat est déjà propriétaire de Mobilis et s'apprête à acquérir au moins 51% de Dejzzy.