Des journées d'information sur le thème «Investissement et jeunes entrepreneurs» ont été organisées les 3 et 4 octobre à Bouira avec la participation de responsables d'entreprises locales, ainsi que des universitaires et des économistes. Faisant l'état des lieux de la situation des PME en Algérie, Moussa Boukrif, docteur en économie de l'université de Béjaïa, a affirmé que «l'absence d'information sur le marché de l'entreprise en amont et en aval pose d'énormes difficultés aux jeunes entrepreneurs pour s'approvisionner en matière première et pour trouver des débouchés pour leurs produits. Les entrepreneurs qui ont le plus au moins réussi sont ceux qui ont une tradition familiale dans le commerce». Les enquêtes menées par cet économiste l'ont conduit à observer que «les projets lancés ne sont pas suffisamment réfléchis, et la concurrence est très rude dans certains secteurs d'activité où un monopole est exercé par des personnes bien introduites dans le système». L'analyse des statistiques montre, en outre, «que les entreprises se sont développées principalement dans les secteurs peu risqués, à faible apport en capital (commerce, services, transport, BTP). Et en matière de gestion, elles sont totalement versées dans l'informel», dira-t-il. Les PME algériennes ne sont pas créatrices d'emploi. Selon les chiffres avancés par le docteur Boukrif, 93,35% des PME sont de très petites entreprises employant moins de 10 salariés. Alors que les PME de 250 salariées ne représentent que 0,5%. Les chiffres concernant la mortalité des PME dépasse le seuil des 50%. Ce qui est supérieur à la norme internationale. Absence d'une culture entrepreneuriale De son côté, Djouimaâ Lamri, commissaire aux comptes, estime que la saturation du marché constitue un grand problème pour les PME. «On ouvre des entreprises sans aucune étude du marché et de la clientèle. Les entreprises individuelles qui se créent sont de plus en plus nombreuses, mais elles meurent», dira-t-il. L'absence d'une culture entrepreneuriale en Algérie est considérée par le docteur Boukrif comme l'un des principaux facteurs de la crise des PME. Il impute cette responsabilité à «l'université qui forme des salariés» et «aux dispositifs de création d'entreprises qui sont plus des dispositifs sociaux visant à créer et non une dynamique entrepreneuriale». Sur le terrain, beaucoup de facteurs entravent l'évolution des PME. Le responsable d'une entreprise spécialisée dans l'activité parapharmaceutique basée à Bouira pointe, ainsi, du doigt «le système bancaire national qui n'est pas favorable à l'investissement ainsi que les problèmes de commercialisation». Pour lever ces entraves, les participants à ces journées ont estimé qu'il faut d'abord faire un bilan objectif de la situation avant décider de la meilleure manière d'aider les entreprises existantes ou d'encourager la création de nouvelles. Le docteur Boukrif a également insisté sur la nécessité «d'œuvrer pour attirer les investisseurs nationaux et même étrangers, et ce, par une stratégie de communication adéquate» tout en mettant « en valeur les atouts du territoire».