Le procès s'est déroulé en présence de dizaines de militants des droits de l'homme, de syndicalistes et de citoyens venus exprimer leur solidarité à Yacine Zaïd. Ouargla. De notre envoyé spécial Le syndicaliste et militant des droits de l'homme, Yacine Zaïd, a été libéré hier après-midi. La juge du tribunal de Ouargla (800 km au sud d'Alger), où s'est déroulé son procès pour «outrage à un policier», l'a condamné à six mois de prison avec sursis et à 10 000 DA d'amende. Le verdict n'a été prononcé que vers 15h30. La juge chargée de l'affaire a choisi, ainsi, de couper la poire en deux : elle n'a pas suivi le procureur de la République qui avait requis six mois de prison ferme contre le militant, comme elle ne l'a pas relaxé comme l'exigeaient les responsables des différentes organisations qui ont fait le déplacement à Ouargla. En effet, ce procès s'est déroulé en présence de dizaines de personnes, dont des amis et des proches de Yacine Zaïd, des militants et défenseurs des droits de l'homme, des syndicalistes et des citoyens venus des quatre coins du pays pour le soutenir et qui n'ont pas caché leur joie une fois le verdict rendu. Et ce, malgré la condamnation du militant. La remise en liberté de Yacine Zaïd était déjà un acquis fêté avec des youyous et des klaxons dans les rues de la ville. La mobilisation paie. Les défenseurs des droits de l'homme, qui ont fait le pied de grue durant toute la journée d'hier, devant le tribunal de Ouargla, ne vont pas rentrer les mains vides. Parmi les présents, des militants de la LADDH, du CNDDC, du Snapap, du MJIC, du FFS, du MDS et du RDLD. Yacine Zaïd a été défendu, dans cette affaire, par une vingtaine d'avocats affiliés à la LADDH et au Réseau des avocats pour la défense des droits de l'homme (RADDH). Convoqué à la barre, le syndicaliste relate sa version : «Ils m'ont fait descendre du bus qui me transportait vers Hassi Messaoud. Une fois au poste de contrôle, ils m'ont menotté et ont commencé à m'insulter. Voyant que je ne répliquais pas, ils ont commencé à me tabasser.» Et d'ajouter : «Je suis activiste et je milite en toute transparence. D'ailleurs, je publie des articles sur mon blog personnel et je donne des interviews à des chaînes de télévision à visage découvert. Que celui qui a un problème avec moi s'adresse à la justice.» Yacine Zaïd rappelle à la magistrate que «les services secrets le poursuivaient et voulaient le museler». «Moi je suis un opposant à ce régime et je continuerai à l'être à l'intérieur du pays, en Algérie. Je dis cela même si vous me condamnez à 10 ans de prison. Le DRS ne me fera jamais taire. Je continuerai à dénoncer les dépassements et les disparitions forcées», indique-t-il. Ensuite, la magistrate a écouté la version du policier qui a porté plainte contre Yacine Zaïd et les récits de tous les témoins, dont celui de Aïbek Agh Sahli, qui était présent lorsque Yacine se faisait tabasser par les agents de l'ordre. Un vrai militant à abattre «Tout le monde doit respecter la Constitution et les lois de la République. Tous les Algériens sont égaux devant la loi», insiste le procureur. Mais les avocats de la défense préparent la plaidoirie. Maître Benissad, président de la LADDH, rappelle au procureur qu'effectivement, «tout le monde doit respecter la loi et Yacine ne l'a jamais transgressée». «Comment se fait-il que de nos jours, on demande un laissez-passer pour se rendre à Hassi Messaoud ?», ajoute-t-il. Maître Sid Ali du RADDH abonde dans le même sens : «Existe-il une République de Hassi Messaoud ? Non, Yacine a le droit de se rendre là où il veut tant qu'il est Algérien.» Les avocats de la défense estiment que «cette affaire est un procès politique». Maître Amine Sidhoum ironise : «Le laissez-passer pour Hassi Messaoud est devenu un visa Schengen. De quel droit les services secrets surveillent-ils les activités des Algériens ?»