Sur les quinze accords signés mardi à Pékin entre la Russie et la Chine, quatre sont relatifs à l'énergie. Ils devraient assurer la garantie d'un approvisionnement de la Chine en gaz et en pétrole russes. La fourniture du gaz devrait être effective d'ici cinq ans, soit en 2011, selon une déclaration du président russe Poutine, qui a annoncé que son pays envisageait la construction d'un système de gazoducs pour relier ses réserves de gaz à la Chine. Selon les officiels russes, Moscou veut diversifier ses marchés et vise les marchés de la région Asie-Pacifique, vu le développement prodigieux que connaît la Chine et les perspectives en Inde ainsi que l'augmentation de la demande en Asie. Moscou veut placer environ 80 milliards de mètres cubes par an sur le marché chinois à travers deux gazoducs. Cette réorientation de la politique russe est motivée par plusieurs facteurs. Le marché chinois est très prometteur et il est attendu qu'il devienne le deuxième au monde après celui des Etats-Unis. Sur le plan économique, les deux super-puissances ont les mêmes préoccupations : s'adapter à la globalisation et reprendre leur prestige sur de nouvelles bases. L'autre facteur important est la manière dont l'Europe a mené le processus de libéralisation du marché de l'énergie à la fin des années 1990 et qui a abouti dans un premier temps à la remise en cause des contrats à long terme (take or pay). Le processus avait été mené sans concertation avec les pays producteurs appelés à assumer seuls les risques des investissements astronomiques dans la chaîne gazière, sans une garantie de marché. De plus, le débat actuel mené au sein de l'Europe sur la diversification des sources d'approvisionnement et le développement du nucléaire et des énergies renouvelables incite la Russie à diversifier ses marchés et à cibler l'Asie. Les accords signés entre les deux pays permettent les livraisons de gaz et d'électricité à la Chine. En plus du projet des deux gazoducs, la Russie doit aussi participer à la construction de nouvelles centrales nucléaires en Chine. Les compagnies d'hydrocarbures des deux pays ont aussi signé des protocoles d'accord de coopération dans le domaine du pétrole et du transport par canalisations. La Russie va se redéployer et valoriser ses réserves, surtout qu'elle a demandé expressément à la Chine d'investir en Extrême-Orient, au moment où cette dernière cible aussi le pétrole russe en plus du gaz. La crise énergétique mondiale est en train de faire naître de nouvelles alliances, qui sont basées essentiellement sur la sécurité de l'approvisionnement en énergie.