Dans le cadre de la tenue du 5e Festival de la bande dessinée, le cinéaste belge, Jaco Van Dormael, a animé, jeudi après-midi, une conférence portant sur «La bande dessinée se mêle au cinéma». Le cinéaste est revenu sur son riche parcours artistique. Après des études de cinéma à l'Insas de Bruxelles et Louis Lumière à Paris, il devient metteur en scène de théâtre pour enfants, notamment dans des numéros de clown. Il passe à la réalisation, en 1991, avec Toto le héros, récompensé par la Caméra d'or au Festival de Cannes. Jaco Van Dormael explore dans ses films, teintés d'onirisme, la puissance de l'imaginaire et la part oubliée de l'enfance dans un quotidien morne et tragique. Jaco Van Dormael assure également des mises en scène de pièces de théâtre, comme Est-ce qu'on ne pourrait pas s'aimer un peu ? Il est le président d'honneur de l'ARRF, l'Association des réalisateurs et réalisatrices de films francophones. Il était le président d'honneur de la première cérémonie des Magritte du cinéma, qui s'est tenue, en 2011, à Bruxelles. Le cinéaste a estimé que la narration est une culture et à la fois l'illusion du réel. Il indique également qu'il a l'impression que le style vient de l'erreur. «Le style est important. Mais la peur réside dans le montage. Comme je suis myope, je fais de gros plans. Je découpe pour pouvoir dilater.» Adapter la bande dessinée au cinéma est très difficile. Les gens qui font de la bande dessinée, dit-il, élaborent les mots, le style, le trait, l'encre. Tout se mêle d'une manière anarchique mais, au final, avec un résultat. Son film dramatique de sciences fiction, M. Nobody, sorti en 2010, raconte l'histoire de la vie de Nemo Nobody, de 118 ans, le dernier mortel sur Terre après la race humaine qui a atteint l'immortalité. Le film utilise une narration non linéaire et la théorie des mondes multiples pour raconter l'histoire de la vie de Nemo. Le film en question a été projeté pour la première fois à la Mostra de Venise en 2009, où il y a connu un certain succès critique. Depuis sa publication originale, M. Nobody est devenu un film culte. Le cinéaste confie que M. Nobody a nécessité six années d'écriture et quatre autres pour monter le film. «Il faut savoir s'accrocher et être surtout motivé quand on veut faire un film à succès», dit-il. Tous les films que le cinéaste a réalisé, il les a faits par hasard. «Je réécris, je découpe. Le film en fait, avance dans ma tête.» Le conférencier est convaincu que la critique est nécessaire, mais elle se doit d'être constructive. «C'est un métier important, mais rare. De nos jours, il y a des critiques fluides. Il y a ceux qui font réellement leur travail. D'autres se plaisent à improviser ce métier», conclut-il.