Selon une étude publiée par la revue Science, la météorite de Tissint tombée en juillet 2011 au Maroc et d'origine martienne contiendrait des bulles de gaz issus de l'atmosphère de la Planète rouge tel qu'il était il y a 700 000 ans. C'était le 18 juillet 2011 aux alentours de 2h du matin, une boule lumineuse, fuyante et bruyante est apparue dans le ciel dans la province de Tata au Maroc. Eclairant la nuit noire, elle a alors foncé vers le sol, se brisant en plusieurs morceaux en atterrissant dans le désert. Il a néanmoins fallu attendre trois mois pour que des nomades en découvrent les fragments pesant entre 100 grammes et 2 kilos, ainsi que plein de petits débris. Au total, il est estimé que la météorite pesait quelque 17 kilos. Mais la bonne nouvelle n'est arrivée que trois mois plus tard après que des chercheurs ont étudié ces fragments : le corps était d'origine martien. La météorite «de Tissine» est ainsi devenue la cinquième météorite martienne dont la chute a pu être observée, la dernière remontant alors à 1962. Largement de quoi capter l'attention d'un consortium international qui s'est penché sur les fragments pour en apprendre plus. En examinant ceux-ci, les chercheurs ont établi qu'il s'agissait d'une shergottite picritique, c'est-à-dire une roche magmatique riche en olivine et qu'elle s'était détachée de la Mars il y a quelque 700 000 ans. «Il s'agit d'un choc très bref, qui peut durer une fraction de seconde, pendant laquelle la roche subit de façon très irrégulière, à un millimètre près, des températures d'environ 1500 degrés et de très fortes pressions. Ce choc a éjecté la météorite de la planète Mars il y a un peu moins d'un million d'années, environ 700 000 ans», souligne à Sipa Albert Jambon, de l'Institut des sciences de la Terre de Paris (UPMC/CNRS). Là n'est toutefois pas le plus intéressant, comme le révèle l'étude publiée cette semaine dans la revue Science. En effet, la plupart des météorites trouvées jusqu'ici ont préalablement séjourné un certain temps à la surface de la Terre et donc subi les attaques du temps. Mais pas la météorite de Tissine, puisque celle-ci était fraîchement tombée quand elle a été découverte. Elle n'a donc pas ou peu été contaminée par l'environnement terrestre. De quoi attiser encore davantage l'intérêt des spécialistes qui l'ont scrutée en profondeur. Ils ont alors constaté que Tissine était particulièrement riche en verre noir formé par la fusion de la roche sous l'effet d'un choc intense lors d'un impact. Or, ce verre contient à la fois des bulles de gaz, aujourd'hui ouvertes, attestant du piégeage de gaz atmosphérique martien, et les marques des interactions entre l'intérieur, la surface et l'atmosphère martienne. «Ces bulles sont intéressantes parce qu'elle ont piégé les conditions martiennes au moment où la météorite s'est formée, et cela n'a eu aucun échange avec d'autres matériaux», explique Hasnaa Chennaoui Aoudjehane, de l'Université Hassan II à Casablanca (Maroc).