Le ministère de la Jeunesse et des Sports et le président de la FAF ont examiné, lundi, «les difficultés auxquelles font face les clubs professionnels de football», annonce un communiqué du MJS. Remarquons d'abord qu'il y a tromperie sur la marchandise que voudraient nous fourguer ces deux responsables. Y a-t-il, en effet, un seul club vraiment professionnel en Algérie, conformément aux cahiers des charges de la FAF ? Non évidemment, mis à part l'USM Alger qui satisfait le volet financier grâce à l'apport de son repreneur, le groupe Haddad. Mais le professionnalisme dans le foot est beaucoup plus que cela. C'est un centre de formation, des stades, des infrastructures d'accompagnement… Bref, une société économique en bonne et due forme qui se fixe pour objectif de gagner de l'argent. Peut-on dire aujourd'hui que les clubs appelés abusivement «pro» tirent des revenus de leurs fameuses SSPA ? Trois années après le lancement de ce professionnalisme à l'algérienne, force est de constater que sa mise en œuvre défie toute logique économique : des clubs qui n'ont même pas ouvert leurs capitaux, qui ne disposent pas d'infrastructures propres et, pis encore, gérés à l'ancienne, parfois par un seul homme ! Certains présidents de club continuent même de pleurnicher sur des subventions étatiques qui tardent à être versées par les collectivités locales… Un comble. Tout se passe comme si l'on a décidé de lancer la mode «professionnalisme» avec la mention : à suivre… Les présidents de ces clubs se retrouvent coincés dans un nouveau système exigeant une compétence managériale qui n'a rien à voir avec la gestion par le sachet noir bourré de fric ! Fatalement, ce professionnalisme a été ramené aux normes «maison», c'est-à-dire à un amateurisme emballé dans une version «light». La FAF a cru pouvoir réussir son examen de passage aux yeux de la FIFA par la seule magie du verbe. Or, la création d'une Ligue professionnelle de football (LFP) et la transformation des divisions en ligues n'ont pas changé le contenu. Le bureau fédéral vient de lancer un Organe de première instance (OPI) chargé de déterminer qui, parmi les clubs, ouvre droit à une licence «club FIFA». L'instance de Raouraoua sait qu'aucun club algérien n'est éligible en l'état actuel des clubs, à l'exception peut-être de l'USMA. Et pour sauver la face, les pouvoirs politiques ont décidé de «piocher» dans les poches des Algériens pour financer, à coups de milliards, des clubs qui ne garantissent aucun retour sur investissement. Ordre est donné au patron de Sonatrach de racheter quatre clubs, le MC Alger, le CS Constantine, le MC Oran et la JS Saoura. Un équilibre régional qui ne manque pas d'arrière-pensées politiques. Face à la grogne des supporters qui menaçait de dégénérer, il fallait prendre ses devants, quitte à claquer l'argent du pétrole et faire entorse à son professionnalisme. Sonatrach, une entreprise publique tenue par l'obligation de résultats, est ainsi contrainte de racheter quatre clubs déficitaires via ses filiales, Tassili Airlines, Enafor et Naftal. Cela donne un professionnalisme «nationalisé», la valeur ajoutée en moins. Est-il juste, tout compte fait, de donner les mamelles de Sonatrach aux seuls joueurs des quatre clubs pour téter ses milliards à l'exclusion des autres ? La réponse est dans la question.