La sortie en DVD du documentaire Octobre à Paris est salutaire, une réparation historique. Jamais un documentaire n'a été synonyme du sujet qu'il portait. Il a fallu une grève de la faim pour que le film obtienne son visa d'exploitation. Paris. De notre correspondant Interdit puis autorisé en 1973, il a fallu attendre 2011 pour que le film sorte enfin dignement en salle. La genèse du documentaire illustre douloureusement la nature du conflit puis des relations franco-algériennes. Au lendemain du 17 octobre 1961, après la répression violente, les noyades, les disparitions de manifestants pacifiques, le Comité Audin décide briser le silence. Jacques Panijel, biologiste de formation, approche l'historien Pierre Vidal Naquet pour consigner sur pellicule les témoignages. Le Comité Audin accepte de le soutenir pour la réalisation de son film. «Le Comité cherche d'abord un grand nom de la Nouvelle vague mais, sauf Jean Rouch qui voulait tourner en équipement léger, personne ne répond positivement à l'invitation. Bien qu'inexpérimenté, Jacques Panijel réunit autour de lui une équipe de militants et des techniciens : l'ouvrier communiste des usines Renault Jacques Huybrecht, les cinéastes Yann Le Masson, Pierre Clément, René Vautier», confie Maurice Darmon dans son blog. Octobre à Paris sortira en salles une année après la mort de Jacques Panijel ; une blessure de plus. Après la grève de la faim du cinéaste et résistant René Vautier en 1973, le gouvernement français donne enfin un visa d'exploitation à ce film longtemps interdit. Mais l'auteur exige que le film soit désormais précédé d'une introduction visant à qualifier cet événement en «crime d'Etat». D'origine roumaine, Jacques Panijel (1929-2010), biologiste et ancien résistant, s'est attaqué, dès le lendemain des massacres, à témoigner du «crime d'Etat». Il a découpé son film en trois parties : la reconstitution de l'appel à la grève et son organisation dans le bidonville de Nanterre ; la mise en scène de la manifestation grâce aux photographies d'Elie Kagan ; les témoignages poignants des victimes. La construction met à mal un système volontairement répressif, muré dans un autisme idéologique. En complément du film A propos d'Octobre, réalisé par Mehdi Lallaoui, Témoignage d'Octobre, réalisé par Sébastien Pascot. Un DVD indispensable, à mettre entre toutes les mains.