Nous sommes en train de préparer la possibilité d'un engagement pour les hydrocarbures non conventionnels qui se fera par étapes», a indiqué, hier, Ahmed Mechraoui, conseiller du ministre de l'Energie et des Mines, lors d'une rencontre organisée au siège du ministère avec la presse. M. Mechraoui, qui était entouré de Djamila Annad (conseillère du ministre), de Sid Ali Betata (président de l'Agence nationale de valorisation des hydrocarbures) et de Tahar Chérif Zerarka (président de l'Autorité de régulation des hydrocarbures) a précisé que «rien ne se fera sans la prise en compte de l'aspect environnemental ; une législation existe qui protège l'environnement et notre priorité est la protection des aquifères», en réponse à une question sur l'exploitation du gaz de schiste. La rencontre, programmée pour expliquer le contenu du projet d'amendement de la loi sur les hydrocarbures, a été l'occasion pour les journalistes de poser des questions sur l'exploitation du gaz de schiste et les problèmes qu'elle soulève. Selon le conseiller du ministre, l'engagement pour les hydrocarbures non conventionnels, que ce soit le gaz ou le pétrole de schiste, sera abordé par étapes. Il y a tout d'abord l'exploration. Il faut d'abord que le gaz de schiste soit disponible et qu'il soit bien là. Ainsi, la première étape consistera à vérifier que la roche mère contient des hydrocarbures. «On a déjà des données», a affirmé M. Mechraoui. «Cette étape de l'exploration demande des moyens, du personnel et des précautions, notamment celle de l'environnement», a-t-il ajouté. Concernant les techniques utilisées, le conférencier a expliqué que le forage horizontal est utilisé en Algérie depuis une quinzaine d'années. La fracturation aussi est pratiquée en Algérie, mais pas dans les mêmes formes. Concernant l'activité forage, les 9000 puits forés déjà en Algérie depuis les années 1950 obéissent à des règles de protection des aquifères. Ces puits ont traversé les nappes. Donc l'expérience existe. «Chaque année, on fait 150 à 200 puits qui traversent les nappes», a précisé M. Mechraoui. Le système de tubage protège les formations et élimine toute possibilité de communication entre la formation et les puits. «Avant tout engagement d'une opération, il faut l'accord des institutions, comme le ministère et Alnaft, et dans le contrat lui-même, il y a des garde- fous pour la protection de l'environnement et le contrôle des opérations par les structures chargées de ce contrôle», a indiqué M. Mechraoui. Toutefois, il a précisé que la fracturation hydraulique n'est pas la seule technique qui existe : «De nouvelles techniques sont en cours, comme par exemple l'extraction exothermique ou fracturation sèche qui n'utilise pas d'eau ou la perforation pneumatique qui recourt à des gaz chauds pour fracturer la roche avec de l'hélium injecté sous sa forme liquide.» «Nous allons nous adapter et prendre la meilleure technique», a expliqué le conseiller du ministre. «Le moment venu, des études de faisabilité seront faites pour prendre la meilleure méthode», a-t-il ajouté. Apres l'exploration et la mise en évidence du potentiel, il faudra le projet-pilote pour vérifier la productivité et la faisabilité avant de se lancer dans le projet industriel de production. Mais le principe est qu'aucune exploitation d'hydrocarbures non conventionnels ne se fera sans autorisation qui tienne compte de la protection de l'environnement et des aquifères. Ce sera la dernière étape, celle de la prise en compte des aspects environnementaux. Expliquant la nécessité de ce projet de loi sur les hydrocarbures, M. Mechraoui a indiqué que les objectifs sont la nécessité d'assurer, dès aujourd'hui, la sécurité énergétique du pays pour le long terme vu la croissance rapide des besoins induits par le développement économique et social du pays. La consommation de l'électricité connaîtrait une croissance de 14 à 18% et celle des carburants de 15 à 20%. Ce qui nécessite la mobilisation de toutes les sources d'énergie : hydrocarbures conventionnels et non conventionnels, charbon, énergies renouvelables, nucléaire…, selon le ministère. Aussi, les incitations fiscales qui font que la taxe sur le revenu pétrolier sera calculée sur le taux de rendement et pas sur le chiffre d'affaires devraient permettre d'encourager l'investissement dans l'exploration et l'intensifier pour augmenter les réserves d'hydrocarbures. L'autre motif qui a amené les nouveaux amendements est la nécessité de maintenir les exportations d'hydrocarbures pour assurer un niveau de revenus nécessaire au financement du développement pour se libérer progressivement de la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures.