Le court métrage algérien El Djazira de Amin Sidi Boumediène a décroché, au 6e Festival international du film d'Abu Dhabi, les prix du meilleur film et de la meilleure production dans le monde arabe. Abu Dhabi De notre envoyé spécial El Djazira (L'île), le nouveau court métrage du jeune algérien, Amin Sidi Boumediène, a décroché, jeudi soir, la Perle noire, prix du meilleur film arabe au 6e Festival international du film d'Abu Dhabi. Les producteurs d'El Djazira, Yacine Bouaziz et Fayçal Hammoum, ont eu, pour leur part, le trophée du meilleur producteur du monde arabe. Les deux distinctions réunies sont dotées de 35 000 dollars. Le jury des courts métrages, présidé par l'Algérien Karim Bachir Traïdia, a trouvé des qualités cinématographiques certaines au film de Amin Sidi Boumediène et a pris la décision à l'unanimité. Il en a été de même pour le court métrage argentin, 9 vaccines de Iair Saïd, consacré meilleur court métrage international. Le prix de la meilleure production internationale a été attribué au film allemand The centrifuge brain project (Projet d'une centrifuge cérébrale) de Till Nowak. Le prix du meilleur court métrage d'animation a été partagé entre le Coréen Park Jee-Youn pour Camels (Chameaux) et le Brésilien Amir Admoni pour Linear (Linéaire». L'Espagnol Venture Durall a été récompensé pour le meilleur court documentaire, The hidden smile (Le sourire caché), qui évoque l'errance des enfants abandonnés en Ethiopie. Till Nowak, connu pour être un grand adepte de l'art digital, a gagné en notoriété après son premier court métrage, Delivery, sorti en 2005 à Hambourg. «Pour tous ces autres films, nous avons eu beaucoup de débats. Nous avons discuté pendant six heures pour prendre la décision. Tous les membres sont tombés amoureux du court métrage de Amin Sidi Boumediène. Il s'agit d'un nouveau genre. C'est la première fois qu'un cinéaste arabe réalise un film à la fois de science-fiction et réaliste. Nous avons aimé le style. Le traitement était courageux. Il faut vraiment croire en ses possibilités pour faire un film pareil. Cela nous a plu parce que c'est du cinéma», nous a expliqué Karim Bachir Traïdia, après la cérémonie d'attribution des prix à l'Emirates Palace. Le président du jury était assisté de Rania Attieh du Liban, Ahmed Hassan Ahmed des Emirats arabes unis, Ahmed Nagdy d'Egypte, et Felix Van Groeningen des Pays-Bas. Selon lui, le niveau des 28 courts métrages en compétition était globalement bon. «La plupart des films méritaient d'avoir des prix. Nous avons été surpris de voir des films faits avec beaucoup de courage et de passion. Cela me donne de l'espoir pour l'avenir du cinéma dans le monde arabe. La plupart des réalisateurs sont des jeunes. Par exemple, les filles des Emirats arabes unis marquent un certaine présence. Ce pays a fait un grand pas en avant», a ajouté Karim Bachir Traïdia. El Djazira, qui est le deuxième film de Amin Sidi Boumediène après Demain, Alger, évoque l'histoire réaliste ou surréaliste d'un homme venu de nulle part retrouver une terre, une ville qui ressemble à Alger. Il suit, à partir d'une plage plongée dans les lumières de l'aube, un chemin vers les hauteurs, vers cette cité encore endormie, enveloppée d'une semi-obscurité. Habillé en tenue spatiale qui l'isole du monde, de la vraie vie, de la cruauté des humains, l'étranger monte, monte vers ce qui lui semble une identité. Sur cette route, il rencontre des personnages qui émergent du sommeil, du cauchemar, d'un rêve évanescent ou d'une réalité ordinaire fatalement ennuyeuse. La lumière poétique de ce film et le silence presque philosophique ont donné une certaine dimension à El Djazira, qui apparaît déjà comme un film visionnaire incitant encore une fois à la réflexion sur le rapport à l'autre, sur le monde contemporain. L'autre court métrage algérien engagé dans la compétition officielle du festival d'Abu Dhabi, Mollement, un samedi matin de Sofia Djama a eu moins de chance. Par ailleurs, dans la compétition officielle des films émiratis (organisée depuis onze ans), le jury, présidé par le Tunisien Ridha Béhi, a consacré Yoolad helm fel ainain (Des rêves dans leurs yeux) de Abeer Al Marzouqi, Khawla Al Maâmari et Ayesha Al Amri comme meilleur film cette année. Ce documentaire de 19 minutes revient sur la souffrance d'enfants palestiniens dans un camp de réfugiés au Liban.