La 6ème édition du Festival de théâtre de marionnettes (FCNM) s'est close par la distinction de trois spectacles sur les huit qui étaient en lice, ces derniers ayant été sélectionnés sur vingt qui avaient été candidatés pour participer à la compétition. Le théâtre régional Azzedine Medjoubi de Annaba, qui a investi pour la première fois l'art de la marionnette, a raflé deux des quatre prix du palmarès pour avoir fait le bon choix de celui qui s'affirme de plus en plus comme le plus novateur des artistes algériens en cet art, Yacine Tounsi en l'occurrence.Tounsi est l'auteur-metteur en scène de Elmaâzaouaeddib, le spectacle qu'il a monté pour le compte de ce théâtre. Ainsi, il lui a été décerné la plus haute distinction, celle de la meilleure œuvre. De même, ce spectacle basé à partir d'un conte du patrimoine national, a vu Karim Atef, le manipulateur de la marionnette du loup, gratifié du prix du jury. Ce même jury a recommandé au FCNM d'instituer, à partir de la prochaine édition, un prix consacrant le meilleur manipulateur. Il est à relever que El maâzaouaeddib a la particularité d'être un spectacle qui n'est pas joué dans le petit cadre d'un castelet mais qu'il occupe tout l'espace de la scène de la salle, les marionnettes étant manipulées à vue par des marionnettistes habillés en noir. De la sorte, les marionnettes évoluent dans les trois dimensions de l'espace scénique et non plus en deux comme dans un castelet, apparaissant seulement des deux côtés cour et jardin, mais pouvant tout aussi bien surgir du fond de la scène ou obliquement, évoluant ainsi de la même façon qu'un acteur sur scène. Cette nouvelle façon de faire, du moins en Algérie, induit un nouveau rapport à la marionnette avec des possibilités de renouvellement, de création et de créativité en cet art qui végète chez nous dans une pratique très archaïque. La troupe Adhim Fatiha de Sidi Bel Abbès, une habituée du festival qui y a toujours glané un prix dont le plus important a remporté celui de la mise en scène. Son spectacle, dont c'était la générale, est basé sur l'histoire d'une orange bleue, discriminée par ses semblables de n'être pas de même couleur qu'elles. Elle doit compter d'abord sur elle-même pour imposer sa différence. C'est également une autre troupe Bel Abbèsienne qui s'est illustrée en glanant le prix du meilleur texte, un texte mettant en exergue le courage ainsi que l'éternelle lutte entre le bien et le mal. D'aucuns ont noté que les spectacles primés étaient joués tous en live, c'est-à-dire sans le recours aux dialogues donnés en play-back par une sono. De même, les intrigues s'éloignaient de l'infantilisation du jeune public, s'écartant aussi du moralisme outrancier qui gangrène la majorité des spectacles qui se donnent ici et là. A cet égard, dans ses recommandations en vue de hisser à un plus haut niveau le théâtre de marionnettes, le jury a jugé de la nécessité que les théâtres publics soient instruits par le ministère de tutelle en vue de monter ce genre au même titre que les autres (théâtre d'acteurs et pour enfants).Il a par ailleurs estimé utile que soit organisé un cycle de formation centré sur la confection de la marionnette, sur le castelet et de l'espace de la marionnette. Cette formation devra être dispensée aux praticiens par des encadreurs de haut niveau qu'ils soient du monde arabe ou d'Europe. De même, la participation de troupes étrangères en Off au festival, a-t-il été indiqué, serait d'un bon apport pour ce qui est de la confrontation des expériences. En outre, le FCNM a été invité à réaliser un aménagement adéquat de la scène et de la salle où se déroule le festival par notamment un équipement technique, d'éclairage, audiovisuel et de sonorisation. Enfin, le jury a recommandé la création d'un musée par la collecte de marionnettes auprès des troupes participantes.