Une soixantaine de manifestants du mouvement d'extrême droite, Génération identitaire, ont occupé pendant quelques heures, hier matin, le chantier d'une mosquée en construction à Buxerolles, à côté de Poitiers. La gauche appelle à la dissolution du groupe. Paris. De notre correspondant Non à l'islamisation. Les manifestants qui ont envahi la future mosquée de Poitiers ont voulu marquer les esprits. Ils ont déployé une banderole sur le toit «732, Génération identitaire». 732, en référence à l'année où Charles Martel aurait arrêté la progression des troupes musulmanes à Poitiers, fait historique sujet à polémique parmi les historiens. Génération identitaire, en référence au Bloc identitaire, groupuscule identitaire proche du Front national. Sur le site, on peut lire ce message : «Nous ne voulons plus d'immigration extra-européenne ni de nouvelle construction de mosquée sur le sol français.» Vers 13h, les policiers ont délogé les squatters et interpellé trois manifestants. L'affrontement avec de jeunes contre-manifestants a été évité de justesse. La machine judiciaire s'est mise en branle de suite. Le procureur de la République a annoncé l'ouverture d'une enquête pour «manifestation non autorisée, provocation à la haine raciale, participation à un groupement en vue de la préparation de dégradation de biens en réunion». La qualification de «vol et dégradation en réunion» est également retenue, notamment concernant une dizaine de tapis de prière déplacés de la mosquée sur le toit et très fortement endommagés par la pluie. Le gouvernement parle de «haine religieuse inacceptable». Le ministre de l'Intérieur et des Cultes «garantit que l'Etat fera preuve de la plus grande fermeté face aux manifestations d'intolérance qui déchirent le pacte social. Le ministre en charge des Cultes réfute les amalgames douteux dont procèdent leurs slogans et rappelle que la République garantit à tous le libre exercice du culte dans le respect des règles de la laïcité». Le PS, par la voix de son nouveau premier secrétaire, Harlem Désir, et le PCF ont demandé la dissolution de Génération identitaire. «Je demande la dissolution de ce groupuscule fanatique dont les agissements violents sont une menace pour l'ordre public, la sécurité des personnes et pour la cohésion républicaine», écrit dans un communiqué Harlem Désir, ancien président de SOS Racisme. Pour lui, ces militants «agressent non seulement les musulmans de France, mais aussi la République qui garantit la liberté de culte et le principe de laïcité». A droite, seul le Parti radical, par la voix de son président Jean-Louis Borloo, et le secrétaire général Laurent Hénart ont réagi. «La France est un Etat laïque qui garantit la liberté de la pratique du culte quand celle-ci se fait dans le respect de la loi. Tous les appels à la haine et toutes les stigmatisations d'une religion sont des poisons qui divisent notre société.» En fin d'après-midi, les deux candidats à la présidence du principal parti de droite, l'UMP, n'avaient toujours pas condamné cet acte.