Dernière “bavure” des propos déplorant la hausse du nombre de musulmans en France. Selon ce proche parmi les proches de Nicolas Sarkozy, la hausse du nombre de musulmans pose problème ! Déclarer qu'”un certain nombre de comportements” de fidèles musulmans “pose problème”, ce n'est plus de la polémique de la part d'un ministre de souveraineté. La déclaration de guerre contre les musulmans de France, la seconde religion de ce pays, est d'autant plus assumée qu'elle est intervenue à la veille de la convention controversée de l'UMP, le parti de Nicolas Sarkozy, sur la laïcité. Claude Guéant ne s'est pas contenté d'alimenter la controverse. Il pointe carrément les citoyens français de religion musulmane que non seulement il stigmatise mais qu'il livre en pâture à l'extrême droite en hausse en France. En marge d'un déplacement à Nantes, lundi dernier, le “porte-flingue” de Nicolas Sarkozy a lancé que les musulmans sont une entorse à la laïcité, alors que tous les représentants des autres grandes religions de France estiment que la laïcité est un principe protecteur de la liberté de conscience. La question, selon lui, interpelle “nos concitoyens” ! L'appel ne souffre d'aucune ambiguïté. Et pour enfoncer le clou, le chef de la police française invite son chiffre : en 1905, en référence à la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, il y avait une poignée de musulmans en France, aujourd'hui il y en a entre 5 et 6 millions. Et il continue dans sa plaidoirie antimusulmane : l'accroissement du nombre de fidèles musulmans et un certain nombre de leurs comportements posent problème. Et de se réapproprier le slogan fétiche à Marine Le Pen sur ces prières dans les rues qui révoltent les Français de souche. Le ministre français des Cultes ne se pose pas la question du pourquoi de ces débordements sur la voie publique, étant entendu pour lui et son courant que la seconde religion de son pays doit rester la religion des caves. Mais, et fort heureusement, l'attitude de Guéant n'est pas partagée par les Français y compris de cette France blanche et judéo-chrétienne dont il rêve. Sa déclaration “confirme le pire”, a immédiatement réagi Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts), dans un communiqué. “Pour la présidentielle, la droite a décidé de mener une campagne islamophobe”, selon la candidate à l'investiture d'EELV. Noël Mamère a, de son côté, estimé que Claude Guéant parlait “Le Pen comme M. Jourdain faisait de la prose”, jugeant que le ministre de l'Intérieur n'était “pas à sa place” au gouvernement, avec ses dernières déclarations. Le Mouvement des jeunes socialistes a, pour sa part, estimé que c'était “l'accroissement du nombre de ministres racistes qui pose problème”. Dans un communiqué, le MJS exige la démission de Claude Guéant. Et de rappeler que le prédécesseur de Guéant, Brice Hortefeux, de la même trempe et également du carré des inconditionnels de Nicolas Sarkozy, a été condamné en première instance pour injure raciale contre l'immigration musulmane. SOS Racisme s'est dit “scandalisé” par les paroles du ministre de l'Intérieur, jugeant qu'il avait “franchi un cap indigne”. L'association dit “étudier la possibilité d'une action en justice” face à ces propos “terrifiants”. Harlem Désir a dénoncé les “guéanteries contre la République”. Le ministre “doit cesser ces provocations à répétition jamais sanctionnées par le président de la République”, a jugé le numéro deux du Parti socialiste. “À chaque fois que Claude Guéant s'exprime depuis qu'il est ministre de l'Intérieur, il y a polémique. Son obsession, c'est de parler des musulmans”, a renchéri François Hollande, ex-patron des socialistes et candidat contre Sarkozy en 2012. L'Union des organisations islamiques de France a qualifié d'“irresponsables” les propos incriminés. “Ils sont français en premier lieu et musulmans en second lieu et ne revendiquent pas les lois de l'islam pour pratiquer leur religion”, a insisté Hadj Thami Breze, responsable du Conseil régional du culte musulman pour l'Île-de-France. Le même Guéant avait qualifié l'intervention de la France en Libye de “croisade” ! Les propos du ministre ont l'avantage de clarifier bien des choses. Le courant sarkoziste de l'UMP, qui tient à son débat sur la laïcité en dépit de son rejet par l'écrasante majorité de la classe politique et de sondages montrant que ce n'est pas un sujet chez les Français plutôt préoccupés par leur situation socioéconomique, voue une haine aux Français musulmans. Reste que Claude Guéant et consorts ne sont pas au bout de leurs peines : l'islam est la deuxième religion de France, ses musulmans sont français et resteront en France. Il va donc falloir qu'ils s'y habituent, disent ces concitoyens à qui il veut réfuter la citoyenneté. D. Bouatta