La la�cit� en Alg�rie est � la fois une id�e ancienne et neuve. Plongeant ses racines dans une pratique sociale ancestrale, � la marge de l�Etat, cette id�e, aujourd'hui synonyme de modernit�, fut chahut�e par le colonialisme. Pratiquant une s�cularisation � l�ombre du religieux, l�Etat national, construit � la jonction du socialisme, de l�arabisme et de l�islam, a assum� partiellement cette id�e. L�introduction du multipartisme dans les ann�es 1990 verra cette philosophie faire une entr�e fracassante dans le d�bat politique. Les espoirs et les attaques soulev�s par la la�cit� ont mis en relief le c�t� passionnel de cette id�e controvers�e, indiquant par ricochet la place prise sur la sc�ne publique par deux questions : quel projet de soci�t� � mettre en place et, subs�quemment, quelle est la nature des institutions se rapportant � cette perspective ? Plus de quarante ans apr�s l'ind�pendance, l'�pilogue n'est pas trouv�. Anciennement, la soci�t� traditionnelle alg�rienne vivait dans un esprit de s�cularisation, d�o� �mergeait une pratique sociale aux activit�s profane et sacr�e distinctes. Les pouvoirs temporel et spirituel sont s�par�s, avec la djema�, d�un c�t�, y compris dans les zones non berb�rophones, et la mosqu�e, repr�sentant l�autre versant, sous l�autorit� maraboutique. Quand bien m�me les grands �v�nements, notamment les soul�vements contre l�occupation, se faisaient au nom de la religion, ce ph�nom�ne est davantage en corr�lation avec l�id�ologie de mobilisation. Dans le quotidien de la soci�t� rurale, dominante � l��poque, les affaires publiques se traitaient en partie en dehors du religieux. Il s�en est m�me trouv� des r�gions, comme la Kabylie, pour se d�tourner des normes religieuses en mati�re d�h�ritage(1). On peut dire que la soci�t� maghr�bine, sunnite de rite mal�kite (2), �tait ambivalente, � la fois profond�ment impr�gn�e de religiosit� et s�organisant de mani�re s�cularis�e. Le syncr�tisme musulman, m�lange de dogme et de paganisme, �tait et demeure vivace. L�emprise de l�islam n��tait pas totalement h�g�monique ni en mati�re de croyances populaires ni dans la conduite des affaires publiques. La colonisation a d�structur� l�ordre ancien. Un monde s�en est all� et remplac� par un autre avec un bouleversement sans pr�c�dent. L�affaiblissement des zaou�as qui s�en est suivi n�a pas emp�ch� celles-ci de maintenir leur r�le dans la propagation de l�islam populaire et mystique. C�est sans doute l�islam, dans cet entredeux marqu� par une immense mutation, qui restera malgr� tout le marqueur identitaire le plus fort. L��mergence de l�anti-cl�ricalisme de la IIIe R�publique fran�aise (3) reste incompr�hensible du fait de son origine exog�ne et de sa nouveaut� en tant que concept th�orique et pratique institutionnelle chez les autochtones. La loi de 1905, qui organise la s�paration du culte et de l�Etat en France, n�est pas appliqu�e en direction des indig�nes. Son application suppose l�abandon du statut personnel et donc l�acc�s � la citoyennet� fran�aise. Or, le colonialisme, bas� sur l�ethnicisation, selon Hannah Arendt, verrouillait le syst�me par cette diff�renciation essentielle. Cependant, la volont� de l�administration coloniale d�organiser le culte musulman en structure officielle (variante d�un clerg�) introduira le germe de la rationalit�. La r�publique : une force brim�e L�irruption du nationalisme moderne dans les ann�es 1920 et son d�veloppement la d�cennie suivante vont placer les acteurs de cette p�riode devant un dilemme face � cette �trange alt�rit�. On peut distinguer trois courants dans ce patriotisme en formation : le radical, n� dans l��migration sous la banni�re du PCF avant de s�en affranchir rapidement, le mod�r�, impr�gn� de k�malisme, et le religieux, qui visait la r�forme des institutions et de l�islam (4). Le parti communiste alg�rien occupe une place singuli�re dans cette galaxie. Le nationalisme radical qui va fa�onner le Mouvement national s�adresse � l�ensemble alg�rien, pris dans sa globalit� comme une communaut� indivisible. Ses mots d�ordre rencontrent un �cho populaire et fervent. Les principaux dirigeants de cette mouvance sont fascin�s par la r�volution fran�aise. Le courant mod�r�, qui s�adresse davantage � la nouvelle �lite form�e par l��cole fran�aise, r�ve d�une r�volution � la turque. Une association �Les jeunes Alg�riens� est fond�e. Si les deux leaders charismatiques de ces deux tendances, Messali Hadj et Ferhat Abbas, invoquent la Grande r�volution pour mieux pourfendre le colonialisme et assimiler un certain nombre d�id�es � socialisme, lib�ralisme, d�mocratie, s�paration de l�Eglise et de l�Etat � ils n�arrivent pas � invoquer la la�cit� comme mod�le. Ni non plus un Etat th�ocratique comme r�f�rence. Le poids du religieux cimentant le communautarisme musulman � soci�t� domin�e et agress�e � n�est pas �tranger � cette d�marche. Pour Benjamin Stora, �la Grande R�volution dresse un passage entre la fascination d�un nouveau monde r�v�l� par la culture fran�aise et la nostalgie du milieu d�origine, la pr�servation d�une personnalit� culturelle ancestrale�(5). En profondeur, l�id�e de modernit� p�n�tre les esprits et fait son chemin dans la soci�t�. Parall�lement � cette mouvance globalement influenc�e par les Lumi�res, m�me si les visions et les d�marches politiques rest�rent longtemps divergentes, s�est cr��e l�association des ul�mas (les docteurs de la Loi) en 1931. Son parcours atypique ajoute de la complexit� pour saisir cette p�riode tourment�e de l�histoire alg�rienne. Cette association musulmane militait en faveur de la sauvegarde de la personnalit� alg�rienne �sous la tutelle de la France�(6). Influenc� par �l�islah� du Machreq, sous la houlette des r�formistes Djamal Eddine El Afghani, Mohamed Abdou et Rachid Ridha,(7) le leader des Ul�mas alg�riens, Abdelhamid Ben Badis, sans doute pour mieux �chapper au contr�le administratif colonial, r�clamait la s�paration de la religion (musulmane) et de l�Etat. La part tactique dans cette posture la�que est nette avec, en plus, � la base, une id�e centrale : l�acc�s � la modernit� afin de rattraper l�Occident. Leurs medersas �taient mixtes et les femmes musulmanes de cette �cole de pens�e ne portaient pas le hidjab. Malgr� ce dessein, la prog�niture de ce segment social fr�quentait souvent l��cole fran�aise. Les ul�mas forgeaient une esp�ce de conservatisme social, �litiste et ambigu, surtout dans son rapport � l�administration. En d�pit de leur approche mod�r�e et de leurs multiples contradictions, les ul�mas manipulent davantage la politique de la�cit� qu�ils n�ont r�ellement adopt� sa philosophie. Quant au parti communiste, la formation la plus mixte d�entre toutes mais domin�e par l��l�ment europ�en, il pr�conise la la�cit�. Ce n�est pas pour autant son th�me favori. D�crivant la situation d�ensemble de l�anti-colonialisme, le politologue Omar Carlier trouve des mots judicieux : � L�islah ne conna�t que des croyants, le PC que des camarades. Mais l�un met l�accent sur la vraie foi et le second sur le r�le strat�gique de la classe ouvri�re. Le PPA, lui, ne veut reconna�tre que des fr�res. Le mot citoyen n�est pas accessible au grand nombre��(8). Le d�veloppement du nationalisme moderne durant presque trois d�cennies (1926-1954) va produire une id�ologie jacobine qui est le miroir invers� de l�id�ologie coloniale. Dans cet entrelacs o� se m�lent d�mocratie, socialisme, arabisme et islam, l�option est � l�amalgame sur une base sociale interclassiste. La faillite des id�aux r�publicains, qui s�exprime notamment par les discriminations juridique et politique entre colons et indig�nes, n�a pas permis aux jeunes patriotes alg�riens form�s � l��cole de la IIIe R�publique de revendiquer explicitement la la�cit�. En perspective, l�id�e de la future nationalit� alg�rienne se confondait avec la communaut� musulmane. Une tentative de mettre de l�ordre est venue de jeunes lyc�ens de Ben-Aknoun, tous originaires de Kabylie et en contact avec Bena� Ouali, membre du bureau politique du parti ind�pendantiste le PPA-MTLD. Ces jeunes ont produit un texte sous le pseudonyme de Idir El Watani, intitul� �L�Alg�rie vivra� (9) dans lequel ils d�finissent la nationalit� alg�rienne en rapport avec la citoyennet�. L�opuscule est �labor� dans un langage marxisant et empruntait des concepts � la d�claration d�ind�pendance des Etats-Unis et de la R�volution fran�aise. Cette tendance appel�e berb�riste, connue pour son radicalisme anticolonialiste, fut expuls�e du parti, l�ann�e 1949. C�est la premi�re tentative ouvertement la�que dans le patchwork id�ologique du Mouvement national. Ils sont stigmatis�s du nom de �berb�ro- mat�rialistes�. L�insurrection du 1er novembre 1954 n�a pas d�rog� � la r�gle. La contradiction principale est quasiment manich�enne : colons exploiteurs, d�une part, et autochtones exploit�s, d�autre part. Dichotomie qui met � l��cart des questionnements importants. Ce n�est qu�en ao�t 1956, lors du 1er congr�s du FLN, dans la vall�e de la Soummam, qu�est �bauch�e une clarification sur le futur Etat national. Il est explicitement dit qu��il ne s�agit pas de restaurer une monarchie ou une th�ocratie d�sormais r�volues. L�Etat sera d�mocratique et social�. Le contenu progressiste de cette proclamation ne laissait aucun doute sur l�orientation choisie. La combinaison des acteurs, du contenu et de la p�riode ouvrait la voie � cette optique la�que. Paradoxalement, le mot la�cit� n�est pas pr�sent en tant que tel. Pourtant, ce congr�s est pr�sent� par ses adversaires comme le tombeau de l�arabo-islamisme du fait m�me de sa la�cit� (10) Qu�en est-il r�ellement ? Il est ind�niable qu�� cette �poque les principaux acteurs du Mouvement national sont tous imbib�s de culture moderne, voire marxisante. Leurs r�f�rents sont puis�s dans l�universalit� des luttes sociales et/ou des �mancipations nationales. Ils veulent prendre les bons c�t�s des Lumi�res. La charte de la Soummam, r�dig�e exclusivement en fran�ais, porte une trace ind�l�bile de cette influence. Socialis�s dans des milieux diff�rents, les deux principaux acteurs de cet attelage, Abane Ramdane (Kabylie) et Larbi Ben M�hidi (Nord-Constantinois) (11), vont faire aboutir les travaux de ce congr�s par un texte doctrinaire retentissant et d�une port�e strat�gique consid�rable sur les plans id�ologique, politique et diplomatique. Le premier a fait l��cole de la IIIe R�publique ; l�autre a accompli une partie de sa scolarit� dans une medersa arabe (�cole coranique). Les disparitions pr�matur�es des deux personnalit�s dominantes de ces premi�res assises vont mettre en avant d�autres pr�occupations davantage centr�es sur l�exercice du pouvoir. La construction de l�Etat gallican Se situant dans le camp du progr�s avec des accents anti-colonialistes et anti-imp�rialistes, l�Alg�rie continuait pourtant � faire dans la confusion id�ologique apr�s l'ind�pendance. Malgr� l�orientation �mat�rialiste� d�nonc�e par le leader des ul�mas, Bachir El-Ibrahimi, et la cons�cration formelle de la libert� de conscience, l�article 2 de la premi�re Constitution alg�rienne stipulait : �L�Islam est religion d�Etat� (12). Mieux encore, la seule association autoris�e en dehors du parti unique, le FLN, �tait �El Qiyam�, �Les Valeurs�, d�ob�dience islamiste. L� aussi, le paradoxe est � son comble. Le socialisme sp�cifique, �nonc� par les textes et les slogans, ne permettait pas d�avancer sur le terrain du statut personnel. Le premier chef de l�Etat, Ahmed Ben Bella (1962-1965), associait sciemment socialisme, arabisme et islam. L�av�nement de Boumediene (1965-1978) conna�tra les m�mes contradictions, sans les r�soudre. Le rapprochement politique avec l�ex-Association des ul�mas et la dissolution de l�association �Les Valeurs�, l�ann�e 1969, maintient cette ambigu�t� d�autant plus fortement que le socialisme est reconduit de �mani�re irr�versible�. Durant ce long r�gne, la question du statut de la femme est rest�e en suspens, alors que nombre d�actions sont r�ellement � caract�re progressiste, notamment la g�n�ralisation de l�enseignement. Ce ph�nom�ne projetait pour la premi�re fois un nombre important de femmes dans plusieurs secteurs d�activit�. C�est le triomphe du d�voilement de la femme, observable massivement dans les villes. La r�appropriation de l�identit� nationale bas�e sur la diffusion multiple de la langue arabe classique et la r�affirmation de la place de l�islam comme �l�ment constitutif primordial de la personnalit� alg�rienne vont conduire � des gestes symboliques aux cons�quences alors insoup�onn�es telles que la substitution du weekend dit universel (samedi et dimanche) par le week-end dit islamique (jeudi et vendredi). Par ailleurs, l�arabisation de l�enseignement est fortement politis�e (13). Id�ologis�e, cette probl�matique, dont le contenu et l�encadrement ne sont pas de qualit�, produira dans le futur d��normes distorsions politique, culturelle et psychologique. Incontestablement, le lit de l�int�grisme islamique r�sidait en partie dans ce projet. A c�t� de l�enseignement, c�est la justice, autre secteur id�ologique, qui est livr� aux islamo-conservateurs. La revue juridique officielle El Asala exprime leur point de vue sans d�tour. Dix ans apr�s le d�but de l�acc�l�ration de l�arabisation (1968), lanc�e par le fils de Cheikh El- Ibrahimi, en l�occurrence le Docteur Ahmed-Taleb, on assistait aux premi�res mais timides apparitions du hidjab dans les universit�s. Divis� en deux p�riodes � monopartisme (1979-1989) et multipartisme (1989-1992) � le r�gne de Chadli Bendjedid se distingue par un net �lan vers la conservation. La jonction entre les conservateurs du parti unique (majoritairement enseignants de langue arabe) et les milieux islamistes institutionnels (justice et mosqu�es, etc.) se rencontrent pour donner naissance � la cat�gorie des barb�f�l�nes. A la t�l�vision alg�rienne, l�Egyptien El Ghazali, form� � El Azhar et proche des Fr�res musulmans, d�livrait malgr� tout des pr�ches qui se voulaient conciliants tous les vendredis. Il n�arrivait pas, cependant, � franchir le pas pour une interpr�tation lib�rale, encore moins � susciter des vocations favorables � la contextualisation. Certaines de ses prises de position sont d�une stricte orthodoxie (14). La compromission se fait � ciel ouvert, l�ann�e 1984, lorsque l�APN (Assembl�e populaire nationale) du parti unique, pr�sid�e par Abdelaaziz Belkhadem, a vot� � l�unanimit� le code de la famille d�inspiration islamiste. L�instruction islamique prodigu�e � l��cole fondamentale diffuse, entre autres, une version simpliste de l�islam et glorifie la p�riode m�dinoise, consid�r�e comme la puret� par excellence de l�histoire musulmane. Le sectarisme et l�incitation � la haine (impies, ath�es, apostats la�cs, communistes, juifs, chr�tiens, francsma�ons, femmes, etc.) sont relay�es dans les quartiers populaires et mosqu�es par des imams qui commencent � �chapper peu � peu � la mainmise de l�Etat. La conception gallicaniste ou de contr�le du culte par la fonctionnarisation du personnel religieux est largement d�bord�e. L�arriv�e massive d�arabisants sur les champs politique et �conomique va avoir raison de l��quilibre fragile entretenu depuis l�ind�pendance jusqu�au d�but des ann�es 1980. Cette p�riode, qualifi�e par Henri Sanson de �la�cit� islamique alg�rienne� (15) venait d�atteindre son terme. La d�cennie suivante est marqu�e par une fracture b�ante aux plans spirituel, �ducatif et culturel sur fond de rupture g�n�rationnelle. Pierre Vermeren le remarque fort � propos au Maroc, constat se rapprochant de la situation alg�rienne : �L�incompr�hension est grande lorsque ces jeunes arrivant au lyc�e et � l�universit� et se retrouvent confront�s � des professeurs de l�ancienne �cole. Au point que, dans les ann�es 1990, ce sont les �l�ves qui font r�gner leur ordre moral dans les classes, d�niant � l�enseignant toute libert� de ton ou de critique vis-�-vis de la norme islamique. La majorit� silencieuse n�a d�autre choix que de s�incliner. Le terreau de cette �ducation a d�truit les germes de l�individualisme lib�ral des ann�es 1970, se transformant en couveuse de la vague islamiste.� (16) L�autre recoupement se situe dans une meilleure connaissance de l�histoire de l�islam que de l�histoire nationale (17). Le grossier travestissement de l'expansion musulmane en Afrique du Nord particuli�rement, qui rel�ve de l'immaturit� au minimum, exprime, � sa mani�re, cet autre hiatus. Juste avant l�irruption du multipartisme (constitution de f�vrier 1989), la r�vision constitutionnelle d�avant, op�r�e le 3 novembre 1988, rompait les liens formels avec la r�f�rence au socialisme. Tout se passait jusque-l� comme si �pour acqu�rir droit de cit� dans les pays musulmans, le socialisme a besoin d�une l�gitimation en termes islamiques�. Ce type de d�marche trouve pleine illustration dans la Charte nationale alg�rienne, adopt�e le 27 juin 1976 (18). A suivre� T. M. * Secr�taire national aux relations internationales du RCD
(1) L�exh�r�dation de la femme en Kabylie, la l�sant encore davantage que la l�gislation musulmane, a �t� d�cid�e, l'ann�e 1748, � Djema� n�Saharidj, lors d'une r�union d'une partie des tribus kabyles. In Ren� Lenoir : Mon Alg�rie tendre et violente, Ed. Plon, 1994, page 230. (2) L�orthodoxie sunnite est compos�e de quatre �coles juridiques : chafiite, hanbalite, hanafite et malikite. Le han�fisme, moins rigoriste, a exist� dans des villes du temps de la r�gence turque. Il est en phase de disparition. Par ailleurs, il existe une minorit� kharidjite (de rite ibadite) dans le Sud, pr�cis�ment au M�zab, population berb�rophone. Le courant chiite, apr�s son premier triomphe politique et religieux au Maghreb (Xe si�cle), a disparu de cette contr�e. (3) Proclam�e en 1792 (Ire), 1848 (IIe) et 1874 (IIIe), la r�publique est reconnue par le Cardinal Lavigerie, au nom de l'Eglise d'Alg�rie, le 12 novembre 1890. Les tensions ont toujours exist� entre le pouvoir civil et l�instance eccl�siastique, notamment � propos de l'implantation des �coles confessionnelles en Kabylie. In Karima Dir�che- Slimani Les Chr�tiens de Kabylie, 1873-1954, Ed Bouch�ne, 2004. (4) Le courant radical est incarn� par la filiation ENA (Etoile nord-africaine), Glorieuse ENA, PPA (Parti du peuple alg�rien), MTLD (Mouvement pour le triomphe des libert�s d�mocratiques). Le courant mod�r� et r�formiste est repr�sent� par les Elus du Nord-Constantinois du Dr Bendjelloun, puis par l�UPA (Union du peuple alg�rien) et l�UDMA (Union d�mocratique du manifeste alg�rien). En 1944, les deux courants ont cr�� les AML (les Amis du manifeste alg�rien). La crise au sein du MTLD a d�bouch� sur une scission entre les membres du comit� central et le chef historique, Messali. Ils s�excluent mutuellement. Des jeunes issus de la branche paramilitaire (l�Organisation sp�ciale) vont lancer, l��t� 1954, le CRUA (le Comit� r�volutionnaire d�unit� et d�action) qui se r�organisera sous le sigle du FLN (Front de lib�ration nationale), � la veille du d�clenchement de l�insurrection, le 1er novembre 1954. Quant aux l�gitimistes du MTLD, ils changent de sigle : le MNA (Mouvement national alg�rien), toujours sous la pr�sidence du vieux Messali. Le FLN absorbera l�ensemble des tendances internes et externes au MTLD, � l�exception du MNA. Cette politique sera consacr�e par le Congr�s de la Soummam le 20 ao�t 1956. Les ul�mas en feront partie. (5) Messali Hadj (1898-1974) Ferhat Abbas (1899-1985) : deux plaidoiries pour une Nation. In Pour les droits de l�homme, Histoire (s), Image (s), Parole (s). Ed. Artis 89. Page 34. (6) Les ul�mas ont repris � leur compte la charte r�formiste de 1925. D�s sa fondation, l�association fut pr�sent�e par Ben Badis comme un instrument visant � r�pandre le progr�s et la fraternit� sur la base de l�islam et de la qawmia(individualit� nationale) dans le cadre de la souverainet� et des lois fran�aises. In Ali Merad : Le r�formisme musulman de 1925 � 1940. Ed. Mouton, Paris, La Haye, page 472. R��dit� chez El-Hikma, 1999. (7) Rachid Ridha (1865-1935), Libano-syrien, nomm� par Abdou � la t�te de la revue El- Manar, se r�orienta vers le salafisme en vouant une admiration pour Ibn Saoud. Il est devenu l�ic�ne des Fr�res musulmans et de leur fondateur Hassan El Banna. In Alexandre Del Vall : Le totalitarisme islamiste, Ed. des Syrtes 2002, page 53. Quant aux deux premiers Djamal Eddine El-Afghani (1838-1897) et Mohamed Abdou (1849-1905), ils font l'objet d'une controverse en �tant accus�s d�incroyance. Un �change �pistolaire entre les deux penseurs est en effet �quivoque, sans �tre explicite. In Charles Andr� Julien : L�Afrique du Nord en marche, Ed. Julliard, 1972, page 362, 3e �dition. (8) Entre nation et jihad - Histoire sociale des radicalismes alg�riens. Omar Carlier. Ed : Presses de science po, 1995, Page 233. (9) La symbolique du titre est parlante : Idir �tant le diminutif du vivant en tamazight (berb�re), tandis que El Watani veut dire national en arabe. En d�autres termes, ces jeunes auteurs expriment l�ancrage s�culaire de tamazight et la dimension nationale, voire nationalitaire, de leur d�marche. Dans la F�d�ration de France du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libert�s d�mocratiques), parti ind�pendantiste, la motion de l'Alg�rie alg�rienne d�coulant de cette �tude a �t� adopt�e par 26 voix sur 32. (10) Les principaux adversaires de ce congr�s sont Ben Bella et Mahsas. Survivants � la guerre, ils n�ont jamais chang� d�avis. (11) Originaire du Nord- Constantinois, il fut le premier chef de la wilaya V (Oranie) qu�il repr�senta au Congr�s de la Soummam. A partir de ces assises, il constitue avec Abane, Krim, Dahlab et Benkheda le premier CCE (Comit� de coordination et d�ex�cution) (12) Cet article sera reconduit dans les trois futures Constitutions, sous Boumediene, Bendjedid et Zeroual. (13) L�arabisation est impuls�e par l�ordonnance du 26.04.68, d�cr�tant une r�alisation totale d�s 1971. Depuis, celle-ci fera l�objet de textes ou de lois jusqu�en d�cembre 1996. Commenc�e � �tre partiellement appliqu�e, l�arriv�e de Bouteflika au pouvoir, l�ann�e 1999, mettra encore un peu de r�pit � cette politique. (14) � la mort du c�l�bre �crivain Kateb Yacine (1989), philo communiste, berb�riste et ath�e proclam�, Ghazali a soutenu que celui-ci ne m�ritait pas d��tre enseveli en terre alg�rienne musulmane. Rappelons que Kateb a �t� membre actif du FLN combattant. (15) Henri Sanson La�cit� islamique alg�rienne, Ed. CNRS, 1983 (16) Pierre Vermeren : Maghreb : la d�mocratie impossible ? Ed. Fayard, 2004, page 236. (17) Ce constat est signal� par plusieurs ouvrages. Mohamed Charfi le d�veloppe avec pertinence pour l'ensemble des pays arabo-musulmans. In : Islam et libert�, le malentendu historique, Albin Michel, 1998. (18) Ali Merad : L�islam contemporain. Ed. Dahlab, 5e �dition corrig�e, 1994, page 104. La charte nationale proclame : �Le socialisme, en Alg�rie, ne proc�de d�aucune m�taphysique et ne se rattache � aucune conception dogmatique �trang�re � notre g�nie national. Son �dification s�identifie avec l��panouissement des valeurs islamiques qui sont un �l�ment constitutif fondamental de la personnalit� du peuple alg�rien.� Ibid.