Défaillance prolongée de l'éclairage public, foisonnement des dépôts d'ordures et routes délabrées… sont autant de maux ayant caractérisé la mandature de l'APC sortante. Ville martyrisée, ville bidonvillisée. C'est ainsi qu'on peut résumer la longue traversée du désert de Chelghoum Laïd, autrefois havre de paix et de repos. Cette consomption douloureuse est imputable, d'un avis unanime, à la très mauvaise, voire catastrophique gestion des affaires publiques par l'APC au titre du quinquennat 2007-2012. Les citoyens, -soit la mémoire collective- n'oublieront pas de sitôt les «biaiseries», les reniements et la mise sous le boisseau de leurs multiples demandes. Revendications récurrentes remises aux calendres grecques par leurs propres représentants, élus pour, en principe, présider à leur devenir et contribuer au développement de la municipalité. Que nenni. Par ailleurs, le commun des vivants vous prouvera, au détour d'une simple randonnée dans les quartiers bidonvillisés de la localité, que jamais la cité n'aura autant atteint le fond, pour ne pas dire les limites de la condition sociale, en matière de dégradation continue du cadre de vie. Certes, à la faveur de l'extraordinaire extension urbanistique et la sensible avancée démographique, les besoins urbains en matière de mise en place d'équipements publics, d'aménagement et d'entretien des réseaux ont grandi. Mais, force est de reconnaître aussi que la commune, qui n'est plus ce petit village des années 1970 ou 198o abritant tout juste quelques milliers d'habitants, dispose de ressources financières et de moyens matériels impressionnants pour relever le défi de la réhabilitation pérenne du cadre de vie. Fuite en avant des responsables La détérioration effrénée du cadre de vie est telle que les habitants et les dépôts d'ordures semblent faire bon ménage. Les autorités locales ne s'en émeuvent pas non plus. Des cités entières dans le noir à longueur d'année, des meutes de chiens menaçants, errant un peu partout, des routes éventrées et à la limite du praticable et des monticules d'immondices qui ne sont déblayés qu'une fois tous les 3 ou 4 jours, c'est devenu le lot au quotidien des riverains. Sur ce point précis, nous avons, en plusieurs occasions, interpellé le P/APC (avant son éviction le 2 septembre dernier). Mais l'édile imputait vaille que vaille au seul incivisme des citoyens la pollution sévissant. «Que voulez-vous qu'on y fasse ? A chaque fois que nous rétablissons l'éclairage public, les lampes sont systématiquement détruites par des adolescents», expliquait-il. Argument qui ne tient pas la route dans la mesure où des gamins n'ont cessé de donner une magistrale leçon de civisme en s'engageant bénévolement dans des actions d'embellissement et de réhabilitation. Lesquelles sont réalisées dans la majorité des quartiers de la commune par des centaines de jeunes et avec leurs propres moyens. L'APC mise en échec Un élu du conseil communal a lui-même reconnu que le déclin de la ville de Chelghoum Laïd en matière de salubrité publique est dû «à l'incurie, au bricolage et à la gestion à la petite semaine de l'exécutif de l'APC». Et d'ajouter: «Dans une réunion avec le chef de la daïra, ce responsable a avoué ne pas comprendre que la ville soit si sale, en dépit des moyens lourds et de l'énorme matelas financière dont elle dispose.» Des cadres actifs ou à la retraite, des universitaires et des acteurs de la société civile estiment que «si la ville est avachie sous le poids du déferlement des ordures, la raison est à chercher dans la régression intellectuelle des élus du peuple qui ne pensent qu'à leurs intérêts personnels». Un médecin interrogé va jusqu'à tempêter «contre le fait que l'on intronise à la tête de la municipalité des gens sans savoir ni compétences avérées et, qui ont tout juste le niveau primaire». C'est sans surprise dès lors que Chelghoum Laïd figure, pour la 2e année consécutive, au bas du classement du concours consacrant la meilleure commune de la wilaya. Une piètre «performance» pour une commune qui brasse des dizaines de milliards. Des localités beaucoup moins cossues, nous ne citons que Ferdjioua, Rouached, Grarem et Tadjenanet, ont fait d'excellents progrès dans le domaine de la lutte pourla protection de l'environnement. Chelghoum Laïd, Châteaudun du Rhumel pour les amoureux de la belle époque, retrouvera-t-il ses couleurs et ses splendeurs d'antan ? Mais, à voir cette horde d'opportunistes et de prédateurs (candidats aux futures élections locales), mus par l'appât du lucre et des privilèges, se bousculer encore et encore au portillon de nos assemblées, l'on ne peut que craindre que la sortie de l'auberge ne soit pas pour demain.