Un milliard de dollars ont été dépensés en 2010 dans l'importation d'équipements électroménagers. C'est une véritable opération de marketing du produit national qu'a menée, hier, la direction de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) lors de la visite effectuée aux stands de la 21e Foire de la production algérienne (FPA), aux côtés des représentants des organisations patronales et du Conseil national économique et social (CNES). Pour le patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, il est temps pour les pouvoirs publics algériens de procéder à la révision des outils de protection de la production nationale, en érigeant des garde-fous contre l'invasion des produits importés, et pourquoi pas à la révision des accords nous liant avec les marchés européens et autres. «La facture des importations en produits alimentaires finis a dépassé deux milliards de dollars en 2010. Un milliard de dollars ont été dépensés en équipements électroménagers, c'en est trop pour les producteurs locaux», lâche M. Sidi Saïd, lors d'un point de presse tenu à l'issue de la visite effectuée à la FPA. L'UGTA et ses partenaires dans le patronat sont au stade de «la réalisation d'un mémorandum à soumettre au gouvernement concernant les préoccupations des entreprises nationales», révèle le patron de l'UGTA. Ce mémorandum porte sur une batterie de mesures que reposera l'UGTA, allant dans le sens du renforcement du tissu industriel, menacé par l'importation déferlante des produits sans aucune étude d'impact sur la production locale et le maintien des postes d'emploi. Entre autres mesures préconisées, le retour du crédit à la consommation des produits locaux pour booster les chiffres des ventes et de la consommation. La relance de la consommation ne pourra que booster la production de nos produits locaux qui sont d'ailleurs parfaitement concurrentiels. «Nous faisons ici appel à la conscience nationale pour mesurer l'enjeu d'une telle culture, celle de consommer local, algérien». La culture de la consommation du «made in Algeria» ne peut mener plus loin que si elle est prise au sérieux par tous, c'est-à-dire pouvoirs publics, opérateurs, société civile et consommateurs. M. Sidi Saïd trouve que l'interdiction de l'importation de certains produits largement fabriqués en Algérie «n'est nullement exagérée». «Le meilleur exemple est celui des pays européens qui n'hésitent pas à interdire l'entrée de certains produits en surtaxant ceux susceptibles de concurrencer leurs produits locaux. Il n'est pas encore trop tard pour lancer un débat sur les accords nous liant avec les marchés externes», soutient-il. Un avis partagé par M. Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), qui a plaidé lui aussi pour le rétablissement du crédit à la consommation qui est le moyen optimal pour relancer le tissu industriel et booster la production nationale, que ce soit pour le privé ou le public. «Certes, il faut que le concept soit posé différemment de ce qui a été appliqué par le passé, qui n'avait servi qu'à multiplier le volume des importations. La production s'évalue à la capacité de consommation», souligne-t-il. Pour la centrale syndicale, le rétablissement du crédit à la consommation est «imminent». Les pouvoirs publics, à travers les membres du gouvernement, manifestent une bonne volonté pour l'instauration de cette forme de crédit. Selon le patron de l'UGTA, deux réunions se tiennent par semaine dans le cadre de commissions mixtes (UGTA-patronat et ministère de l'Industrie) pour débattre et dégager un plan d'action concernant ces mesures.